Prenant à contre-pied, les propos totalement déréalisés de Netanyahou, tenus la veille, la vice-présidente américaine fait part de sa « profonde inquiétude face à l’ampleur des souffrances humaines à Gaza ».
La sortie de Kamala Harris, d’hier, est pour le moins surprenante, même si par certains aspects, elle donne l’impression de rendre justice aux Palestiniens de Gaza. D’abord elle semble rompre avec l’inconditionnalité des États-Unis envers Israël et ses groupes de pression présents sur le territoire américain. « Je viens d’avoir une réunion franche et constructive avec le Premier ministre Netanyahou », commence par expliquer la vice-présidente de Joe Biden qui, la veille avait boudé le numéro de Netanyahou devant le Congrès.
Comme il est de coutume dans un certain nombre de pays -suivez mon regard- pour pointer les plus abjects des actes d’Israël, il faut d’abord commence à le caresser dans le sens des poils. Kamala Harris n’a pas dérogé à cette règle. Mais elle a quand même sérieusement tancé le boucher de Gaza, lequel, la veille, devant un Congrès assez diminué, en raison des absences, mais complaisant, a tenté de se faire passer, tenez-vous bien ! pour le sanctificateur de la vie en dépit des 40 000 vies qu’il a fauchées depuis le mois d’octobre dernier dans la bande de Gaza, abstraction faite des 10 000 disparus et des Palestiniens tués en masse depuis 2009, à chaque fois qu’il a accédé au pouvoir. Un tel déni de réalité relève d’une pathologie très avancée.
« Nous ne pouvons pas détourner le regard face à ces tragédies »
« J’ai également fait part au Premier ministre de ma profonde inquiétude face à l’ampleur des souffrances humaines à Gaza, notamment la mort de trop nombreux civils innocents.J’ai également exprimé clairement ma profonde inquiétude face à la situation humanitaire désastreuse qui y règne, avec plus de 2 millions de personnes confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire et un demi-million de personnes confrontées à des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire aiguë. », fustige la vice-présidente américaine et potentielle candidate du Parti démocrate pour la présidentielle du 5 novembre prochain. « Ce qui s’est passé à Gaza au cours des neuf derniers mois est dévastateur : les images d’enfants morts et de personnes désespérées et affamées fuyant pour se mettre en sécurité, parfois déplacées pour la deuxième, la troisième ou la quatrième fois.Nous ne pouvons pas détourner le regard face à ces tragédies.Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir insensibles à la souffrance.Et je ne me tairai pas », poursuit Kamala Harris avant de remettre sur la table le plan de paix américain.
Comme pour contrer Netanyahou qui, la veille avait pris pour cible les étudiants américains et les autres manifestants qui protestent contre le génocide en cours à Gaza, les traitant d’« idiots utiles », soutenant des « meurtriers et les violeurs », la vice-présidente assène : « A tous ceux qui ont appelé à un cessez-le-feu et à tous ceux qui aspirent à la paix, je vous vois et je vous entends ».
La solution pourrait venir de la Russie et de la Chine
Le divorce de Kamala Harris avec l’inconditionnalité ambiante, s’explique-t-il par la chute de l’obstacle Biden ou alors par de simples calculs politiciens et électoralistes. Pas moins de 56% des électeurs démocrates sont convaincus qu’Israël est en train de commettre un génocide à Gaza.
En tout cas, le même jour, Michèle et Barack Obama, jusque-là très réservés, ont apporté leur soutien à la candidature de de Mme Harris.
La décision, sous la houlette de la Chine, de toutes les factions palestiniennes y compris le Fatah et Hamas de mettre fin aux divisions et de renforcer leur unité, actée mardi dernier à Pékin, n’est peut-être pas étrangère à ce changement de cap. Elle a été aussitôt saluée par la Ligue Arabe. Convaincu que les causes justes sont mieux défendues dans l’unité, Pékin avait déjà réussi à rétablir les ponts diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. Il y a aussi la Russie qui tente de réconcilier, non sans succès, la Turquie et la Syrie. Ces deux dossiers ont et auront une influence considérable sur le cours des évènements au Proche Orient. Elles vont simplement mettre fin aux divisions artificielles, souvent conçues, encouragées et ravivées par les ennemies des peuples de la région.
Dahmane SOUDANI
Le plan américain, c’est quoi ?
Il s’agit d’un plan en plusieurs étapes.
Phase 1. Parvenir à un accord ;
Phase 2. Cessez-le-feu complet avec retrait de l’armée israélienne des population palestinienne à Gaza.
Phase 3. Retrait total de Gaza et fin permanente des hostilités.
- Libération progressive au cours de tout ce processus des otages israéliens ;
Objectifs déclarés :
- Sécurité pour Israël et fin des souffrance des Palestiniens ;
- Exercice du peuple palestinien de son droit à la liberté, à la dignité et à l’autodétermination
À long terme : solution à deux États



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