À propos de l’article

Avatar de MaghNord News

Information sur l'auteur

Continuous news from both sides of the Atlantic

Niger. Les Américains vont quitter la base d’Agadez

Agadez. Une position stratégique majeure

Selon The Washington Post les Etats-Unis et le Niger sont parvenus à un accord sur le retrait des troupes américaines de la base aérienne « 201 Niger », un millier d’hommes,  située à quelque 3 km de l’aéroport international Mano-Dayak d’Agadez, au cœur du Sahel. Le quotidien américain cite trois sources qui requièrent l’anonymat « compte tenu de la sensibilité du dossier ».

La décision a été prise, hier vendredi, lors d’une réunion entre le secrétaire d’État adjoint Kurt Campbell et le Premier ministre nigérien, Ali Lamine Zeine, en dépit des réticences du président Joe Biden. Le Pentagone n’a pas encore réagi à cet accord.

Selon le même quotidien, qui considère cette décision comme un revers sérieux pour les États-Unis, le responsable du département d’État aurait déclaré « Je pense qu’il est indéniable qu’il s’agissait là d’une plateforme dans une partie unique de la géographie africaine ». Située au centre du Niger à un petit millier de kilomètres au nord de Niamey, cette base occupe une position stratégique unique. Sa localisation est équidistante de l’Algérie, Bénin, Burkina Fasso, Cameroun, Lybie, Mali, Nigéria et du Tchad. Mais ses activités vont bien au-delà ; de la Mer Rouge à l’Atlantique. Reste que les nouvelles autorités nigériennes qui disaient tout ignorer des activités réelles de ce site, en plus d’une facture du genre plutôt salé pour le trésor public, voyaient d’un mauvais œil sa présence sur leur territoire.

Les maladresses de Molly Phee, la secrétaire d’État adjointe américaine aux Affaires africaines et ancienne ambassadrice au Sud-Soudan, lors de sa visite inopinée du 12 au 14 mars derniers à Niamey fut la goutte qui fit déborder le vase. Commentant ce déplacement, le porte-parole des nouvelles autorités nigériennes, le colonel-major Amadou Abdramane accuse ouvertement la délégation qu’elle dirigeait d’avoir été « irrespectueuse » et adopté des attitudes contraires aux traditions diplomatiques, en soutenant que Niamey n’avait été informé ni des détails de la délégation américaine, ni de la date de son arrivée, ni de l’ordre du jour. Le colonel Abderamane a également accusé Washington de dénier au Niger le droit de choisir ses partenaires « Le Niger regrette l’intention de la délégation américaine de priver le peuple nigérien souverain du droit de choisir ses partenaires et les types de partenariats capables de l’aider réellement à lutter contre le terrorisme » a-t-il notamment déclaré.

Coups sur coup, avec un léger décalage, Sabrina Singh et Karine Jean-Pierre respectivement attachées de presse adjointe du Pentagone et de la Maison Blanche ont, du moins partiellement, confirmé cette posture des Washington. Ce sont les rapprochements avec la Russie et l’Iran, voire avec la Chine qui préoccupent, le plus, les responsables américains.

Non seulement la délégation américaine qui voulait, coûte que coûte, être reçue par le président de la transition, le général Abdourahamane Tchiani, a été éconduite, mais immédiatement après, Niamey a dénoncé « avec effet immédiat l’accord relatif au statut du personnel militaire des États-Unis et des employés civils du Département américain de la Défense sur le territoire de la République du Niger ». 

Ironie du sort, l’accord visant à mettre fin à la présence militaire américaine au Niger, intervient une semaine, à peine, après l’arrivée à Niamey d’une centaine d’instructeurs russes et d’un gros porteur chargé d’équipements militaires. Le monde a réellement changé ! Selon The Washington Post, citant des « analystes » la montée en puissance de la coopération sécuritaire entre le Niger et la Russie « pourrait rendre difficile, voire impossible, la poursuite par les États-Unis de leur propre coopération en matière de sécurité ».

Réalisée en 2016, pour un coût de 110 millions de dollars, la base « 201 Niger » était conçue pour des opérations d’observation menées par des drones, mais ses pistes peuvent accueillir le transporteur de matériel C. 17 Globemaster (1er vol d’essai en 2007) et le drone de combat General Atomics MQ-9 Reaper (contrôle de vol par liaison hertzienne en visée directe ou par satellite).

Depuis 2019, cette base accueille le 409e groupe expéditionnaire aérien et 411e bataillon pour les affaires civiles des forces aériennes américaines en Europe.

Dahmane SOUDANI

Tags:, , , , ,

Pas encore de commentaire.

Laisser un commentaire