Des ventes de biens immobiliers se trouvant en Palestine sont organisées, en toute illégalité, dans des synagogues d’Amérique du Nord.
Depuis les États-Unis et le Canada, des ventes de biens immobiliers palestiniens ou sur les terres de Palestine sont organisées à distance dans certaines synagogues et dans des locaux appartenant à des organisations de soutien à Israël. Ce bradage a débuté hier, mercredi et se poursuivra jusqu’au 13 du mois de mars Courant.
C’est Rich Siegel, un juif antisioniste et pro-palestinien qui a soulevé ce lièvre, il y a juste quelques jours. « Je suis propriétaire depuis 25 ans, ici, à Teaneck. Je suis juif. La raison pour laquelle je vous dis que je suis juif, c’est parce que je suis préoccupé par quelque chose qui se passe dans la communauté juive. Le 10 mars, il est prévu un évènement de vente de biens immobiliers israéliens à la synagogue Keter Torah (NDLR à Teaneck, dans le New Jersey) », commence par indiquer Rich Siegel avant d’enchainer « Et cet évènement viole à la fois le droit national (américain) et le droit international.
Il viole le droit national, parce que nous avons une loi sur les droits civiques de 1965 et une loi sur l’équité d’accès au logement de 1968. »[1] Et conformément à ces législations « Nous ne pouvons permettre que les évènements immobiliers soient réservés uniquement aux blancs, aux juifs uniquement ou à n’importe qui d’autre seulement ».
« Nous ne pouvons voler sous les radars, enfreindre la loi et dissimuler cela dans une synagogue »
En 1968, il a fallu se battre, avec à la clé, le sacrifice ultime de Martin Luther King Jr pour obtenir une loi contre la discrimination d’accès au logement. Aujourd’hui il faut se battre pour faire respecter cette même loi contre ce qui semble être un exceptionnalisme de fait.
« Ceci dit, en tant que juifs, nous ne pouvons voler sous les radars, enfreindre la loi et dissimuler cela dans une synagogue », poursuit Rich Siegel.
Cette promotion vente « viole également le droit international parce que des maisons d’implantation en Cisjordanie vont être disponibles pour la vente lors de cet évènement immobilier. Sur le site web, il répertorie trois colonies de Cisjordanie et ces colonies sont elles-mêmes illégales au regard du droit international ». Selon la même source c’est l’évènement immobilier de dimanche qui mettra en vente des biens en Cisjordanie. De fait, « Si nous permettons à cette vente de se dérouler, nous autorisons une synagogue locale de violer, à la fois, les lois nationales contre la discrimination et le droit international ».
Le génocide en cours, un fait aggravant
Et M. Siegel d’ajouter : « Il y a d’autres raisons pour lesquelles nous ne devrions pas l’autoriser. Il y a un génocide en cours en ce moment. Je me fiche de savoir qui cela offense. Plus de 35 000 personnes ont été tuées. Plus de 13 000 enfants ont été tués. Les gens de cette communauté (palestinienne) sont dans un deuil profond. Les gens de cette communauté sont en colère. Je suis en colère ! Ce que cet évènement immobilier va faire, c’est d’attiser le feu. S’il se poursuit, il y aura une manifestation. Je sais qu’il va y avoir une manifestation, parce que je vais l’organiser. Elle sera très suivie ».
Chose promise chose due, la manifestation en question a eu lieu hier, dans le New Jersey et a attiré beaucoup de monde. Normal car « Nous n’avons pas besoin que le privilège juif règne en maître, en disant que nous sommes en droit d’enfreindre la loi et d’avoir cet évènement immobilier et de ne pas nous soucier de ce que ressentent tant de personnes. »
Depuis le 7 octobre 2023, Israël est confronté d’importantes vagues de départs. Pour la seule journée du 4 février dernier, on a enregistré 30 000 départs, rien que depuis l’aéroport Ben Gourion à Tel Aviv. Il s’agirait peut-être là d’une tentative désespérée, de combler, ne serait-ce que partiellement, le vide laissé par ces mouvements de populations.
Les ventes immobilières à distance se déroulent à Montréal, à Toronto, à Teaneck (New Jersey), à Cedarhurst, Long Island (NY) et à Brooklyn (NY) -notre hors texte-.
Dahmane SOUDANI
Les lieux du bradage
5 mars 2024. Spanish & Portuguese Synagogue à Montréal
7 mars 2024. « THE BAYT », à Thornhill, Ontario
10 mars 2024. Congregation Keter Torah à Teaneck dans le New Jersey
12 mars 2024. Young Israel of Lawrence Cedarhurst Long Island (NY)
13 mars 2024. Khal Bnei Avrohom Yaakov à Brooklyn, NYC
[1] Le 11 avril 1968, le président Lyndon Johnson a signé le Civil Rights Act de 1968, qui était censé faire suite au Civil Rights Act de 1964. La loi de 1968 développait les lois précédentes et interdisait la discrimination concernant la vente, la location et financement du logement basé sur la race, la religion, l’origine nationale, le sexe (et tel que modifié) le handicap et la situation familiale. Le titre VIII de la loi est également connu sous le nom de Fair Housing Act (de 1968). La promulgation de la loi fédérale sur le logement équitable, le 11 avril 1968, n’est intervenue qu’après un parcours long et difficile. De 1966 à 1967, le Congrès a régulièrement examiné le projet de loi sur le logement équitable, mais n’a pas réussi à réunir une majorité suffisamment forte pour son adoption. Cependant, lorsque le révérend Martin Luther King Jr. fut assassiné le 4 avril 1968, le président Lyndon Johnson profita de cette tragédie nationale pour demander instamment l’approbation rapide du projet de loi par le Congrès. Depuis les marches pour le logement ouvert à Chicago en 1966, le nom du Dr King était étroitement associé à la législation sur le logement équitable. Le président Johnson considérait la loi comme un mémorial approprié à l’œuvre de toute une vie de l’homme et souhaitait que la loi soit adoptée avant les funérailles du Dr King à Atlanta.



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