« Notre situation est désespérée bien au-delà de ce que vous pouvez imaginer », écrit-il dans son dernier post ; un message qui ressemble bien à un adieu.
Au péril de sa vie, il exerce son métier en tutoyant l’épicentre des évènements les plus meurtriers. Par l’image et par le son, il relate ce qui se passe avec professionnalisme et rigueur, sans jamais perdre le sens de la mesure. On l’a vu discrètement versé une petite larme. Lorsque les circonstances l’exigent, il met sa caméra en bandoulière et range son carnet de notes pour réconforter un enfant ou lui arracher un sourire. Il a même endossé la tenue de secouriste pour sauver des bébés. Quand il est au milieu des siens, même dans les endroits les plus exposés, on l’a vu ôter son casque, sans doute pour leur signifier qu’il partage leur destin. Lorsque la vie est en péril -et elle l’est massivement à Gaza-, le côté humain déteint sur le professionnalisme. Quoi de plus normal ! Surtout, il permet au monde d’être qualitativement et régulièrement informé. Cet homme, c’est le reporter-photographe palestinien Motaz Azaïza.
« J’en ai assez montré et Dieu sait que c’était tout pour lui et pour mon pays »
Seulement, cette voix du direct et du factuel, sans artifices, risque, à chaque instant, de s’éteindre définitivement ! En ce moment, ce grand reporter se trouve dans un endroit encerclé par des chars israéliens et son dernier message ressemble fort bien à un adieu.
« Le temps où l’on risquait sa vie pour montrer ce qui se passe est désormais terminée et la phase de se préparer à survivre a commencé. J’en ai assez montré et Dieu sait que c’était tout pour lui et pour mon pays. Nous vivons actuellement sous un siège local », écrit Motaz Azaïza
« Comme nous sommes seuls ! »
Et le journaliste de confier: « Nous ne pouvons pas aller vers le sud ni vers le nord. Les chars israéliens encerclent la zone médiane par le sud et le nord. Notre situation est désespérée bien au-delà de ce que vous pouvez imaginer. N’oubliez pas que nous ne nous contentons pas d’être partagés, nous sommes une nation qui se fait tuer et nous nous efforçons de ne pas être ethniquement nettoyés… Comme nous sommes seuls ! »
Et nous dans tout cela ?
Depuis le début des attaques israéliennes contre Gaza, 45 journalistes palestiniens ont été tués rien que dans ce territoire et le monde est anormalement silencieux, dans un état de sidération troublant.
Et nous, à partir du moment où nous avons de telles informations, aussi dramatiques ! qu’allons-nous faire ? Devrions-nous nous habituer à consommer l’horreur au point d’en éprouver une certaine forme jouissance ? Devrions-nous en détourner la tête par lâcheté ? Ou encore allons-nous chercher à minimiser l’horreur pour nous donner bonne conscience ? Qu’à cela ne tienne ! Indéniablement, notre futur portera l’empreinte de notre présent.
Dahmane SOUDANI






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