Le député pro-israélien Meyer Habib serait à l’origine de l’initiative du Sénat.
Fabrice Fries, le président-directeur général de l’AFP a donc été entendu, mardi dernier par la commission de la Culture, de la Communication et de l’Éducation du Sénat français. S’appuyant sur la non-utilisation de l’expression « terroriste » pour parler du mouvement palestinien Hamas et la reprise des données, livrées par le ministère de la Santé de Gaza, en matière de victimes -morts et blessés- et des destructions causées par les bombardements israéliens, la commission cherchait à savoir si l’AFP n’a pas failli au principe d’objectivité ; en clair si le traitement de ce conflit, par l’agence, n’est pas favorable aux Palestiniens. Traitement qui de ce fait, serait un « vecteur de la montée de l’antisémitisme » en France.
« Accusations folles »
Cette mise à l’index qui provoque l’ire de Fabrice Fries contre « ces accusations folles ». « Ces accusations sont folles, elles ne sont pas que des propos de plateau de télévision puisqu’un élu de la République, un député, les a reprises à son compte », tance le PDG de l’AFP. Cet élu de la République n’est autre que Meyer Habib (apparenté Les Républicains), l’un des députés représentant les Français à l’étranger et dont la circonscription englobe Israël, un exemple d’impartialité et d’objectivité, n’est-ce pas !
Meyer Habib dont le soutien à Israël frise l’hystérie la plus débridée, avait posté sur la plateforme « X », « l’antisémitisme pouvait parfois se retrouver à l’Agence France-Presse », poste qu’il n’avait pas retiré au moment de l’audition de Fabrice Fries, en dépit de la demande faite par l’AFP. « Donc nous allons porter plainte », réplique séance tenante le patron de l’AFP.
Les griefs imputés à l’AFP découlent d’une idée très approximative de l’organisation et du fonctionnement du monde de l’information. Ce groupe est agence de presse internationale et généraliste, donc un grossiste de l’information qui livre ce qu’il collecte de par le monde à des médias clients qui eux, réécrivent ce produit selon leurs lignes éditoriales avant de le livrer au grand public. Les agences n’ont pratiquement aucun impact sur les opinions.
Par ailleurs, le marché de l’AFP ne se limite à la France où sévit une polémique d’un genre plutôt spécifique. L’agence s’adresse à tous ses clients -organes de presse- de par le monde.
Tentative de mise au pas dangereuse
C’est donc une tradition des grandes agences de presse de s’efforcer de traiter les sujets de la façon la plus neutre possible, parfois même lorsque la nation à laquelle elles appartiennent est engagée dans un conflit. À ce titre, le PDG de l’AFP a raison de souligne que « Concernant le qualificatif de terroriste pour le Hamas, le sud global, ne reconnait pas le Hamas comme une organisation terroriste ».
Rappelons que, non seulement l’ONU ne considère pas le mouvement Hamas, comme une organisation terroriste, mais lors de son assemblée générale extraordinaire du 27 octobre dernier, elle a rejeté une proposition du Canada visant à condamner explicitement le Hamas. Seul 35 pays sur 179 ayant pris part aux travaux, ont soutenu la proposition d’Ottawa.
Dans cette ambiance de mise au pas, très dangereuse, de la liberté d’expression et du traitement professionnel de l’information, il est peut-être bon de rappeler que l’indépendance de l’AFP qui est une agence française, est garantie par la loi qui lui interdit « tenir compte d’influences ou de considérations de nature à compromettre l’exactitude ou l’objectivité de l’information », et de «passer sous le contrôle de droit ou de fait d’un groupement idéologique, politique ou économique ».
Dahmane SOUDANI


Laisser un commentaire