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The Trusted News Initiative : lutte contre la désinformation ou éradication des nouveaux médias

TNI créé à l’initiative de la BBC (capture écran-DR)

Au cours de l’été 2019, alors que la campagne pour la présidentielle américaine battait son plein et à quelques mois du début de la pandémie COVID-19, se tint à Londres, à l’initiative de la BBC le Trust News Summit -sommet des (promoteurs d’) informations dignes de confiance-. Si les mots véhiculent le sens, le contexte leur procure une signification.

De cette rencontre naquit Trusted News Initiative (TNI, comme initiative pour des informations dignes de foi). Les membres de cette coalition « travaillent ensemble pour renforcer la confiance du public et trouver des solutions pour relever les défis de la désinformation », peut-on lire sur le site de TNI. Sont membres de ce collectif les plateformes et groupes industriels médiatiques AP, AFP, BBC, CBC/Radio-Canada, European Broadcasting Union (EBU), Financial Times, Information Futures Lab, Google/YouTube, The Hindu, The Nation Media Group, Meta, Microsoft, Thomson Reuters, Twitter, The Washington Post, Kompas (Indonésie), Dawn (Pakistan), Indian Express, NDTV (Inde), ABC et SBS (Australie) et NHK (Japan). Parmi ses membres, TNI compte également Reuters Institute for the Study of Journalism. Bref, une bonne vingtaine d’acteurs majeurs.

Selon un article de Jessica Cecil, la directrice de l’organisation née de ce sommet, publié le 8 octobre 2020, TNI travaille également avec The Los Angeles Times.

Combattre la désinformation, les manipulations, les mensonges et la mésinformation est une tâche qui prend une prééminence déterminante dans des phases de fusion et/ou de rupture -locales ou géostratégiques-, moments au cours desquels les idées supplantent le réel dans les actions d’influence et de persuasion ; ce qui accentue la volatilité des opinions. «Mais nous avons, maintenant, trouvé un moyen de nous alerter mutuellement afin que les partenaires soient sur leurs gardes à des moments particuliers, du plus grand danger, prêts pour les moments de bris de glace les plus graves, lorsque la désinformation virale risque de nuire au monde réel. Et nous l’avons fait sans museler en aucune façon notre propre journalisme », soutient dans le même article Jessica Cecil.

On peut légitimement se poser des questions sur ces moments de tous les dangers. « Nous avons partagé des alertes sur Covid-19, et avant cela, sur des contre-vérités qui ont constitué une menace pour l’intégrité démocratique lors des élections au Royaume-Uni et à Taïwan. Et maintenant, nous partageons des alertes sur la désinformation, la plus grave, lors de deux élections très différentes, aux États-Unis (novembre 2020) et au Myanmar », précise la directrice de TNI.

« Les élections très médiatisées sont un terrain fertile pour la désinformation. Le besoin d’informations fiables, factuelles et fondées sur des preuves pour contrer ce qui menace d’être un raz-de-marée de distorsion est crucial. L’extension de notre cadre de coopération à la prochaine élection présidentielle américaine est une entreprise essentielle et un engagement important de la part des principaux organes de presse pour renforcer le contexte d’une information saine et fiable » abonde Noel Curran, directeur de l’Union européenne de radio-télévision (European Broadcasting Union, EBU) dans un texte publié sur le site de cette organisation de médias de service public, le 13 juillet 2020.

Ce qui est dans la ligne de mire, tout le monde l’a compris, ce sont les activités indépendantes sur les plateformes technologiques qu’on a pour habitude de désigner par l’expression de « réseaux sociaux ». Ce qui est surprenant, c’est que malgré son poids, ce groupement d’activités médiatiques ne se donne point la peine de livrer la moindre définition des activités (de désinformation, manipulations, de mésinformation…) qu’il compte combattre. On rétorquera que c’est évident. Rien n’est moins sûr ! On risque de se retrouver directement ou indirectement étouffé ou ostracisé sur la base de notions que personne n’a pris la peine de définir, au préalable. TNI se contente d’un vague balisage autour des notions de démocratie, informations dangereuses, atteinte au monde réel, atteinte à la vie et de liberté. « Ô liberté que de crimes on commet en ton nom ! » avait déjà professé au XVIIIe siècle, Mme de la Platière.

Les définitions de tout ou partie de ces notions diffèrent d’un pays à l’autre ; lorsque les législations locales prennent la peine de les définir. Quid de la liberté d’expression et des nouvelles conditions de son exercice et des droits de l’information et à l’information.

À la base des ambitions de TNI, il y a deux considérations qui nous semblent erronées.

  1. La propension à la privatisation de l’information alors que ce secteur est une activité d’intérêt général et les autorisations délivrées par les pouvoirs publics aux différents acteurs ne sont que des délégations d’exercice.
  2. La prétention de détenir la vérité absolue, de jouir d’une sorte d’objectivité en soit ; un terreau pour toute sorte d’absolutisme ; en l’espèce médiatique.

Qu’à cela ne tienne !     

Si l’on s’inscrivait dans la logique de TNI, la question que faire, deviendrait incontournable. Peut-on se contenter, comme à l’ancienne, de simples démentis et continuer agir dans la main des « manipulateurs » ? Tant s’en faut ! Les médias et plateformes partenairesinsistent sur l’alerte précoce et la réaction collective en temps réel. Pour ce, faire, il fallait un outil.

Lors du sommet de 2020 TNI a retenu une nouvelle technologie de vérification des informations dite « Project Origin », promue par une coalition composée de la BBC, CBC/Radio Canada, Microsoft et the New York Times. Ce logiciel comporte un filigrane numérique attaché aux médias (dans le sens de message) provenant de créateurs de contenu authentiques. Il peut aussi fournir un signal automatisé d’avertissement sur les médias « manipulés » ou « faux ».

À Priori, le projet TNI semble harmonieux et convaincant. Pourtant, la partition ne fait pas l’unanimité.

Dernièrement, le juriste spécialisé dans les questions de l’environnement Robert Francis Kennedy, candidat démocrate à la présidentielle américaine de 2024 et neveu du défunt président John Fitzgerald Kennedy -assassiné le 22 novembre 1963 à Dallas, Texas- a dénoncé en des termes très crues cette coalition. Adoptant une posture frontale envers ce que le philosophe français, Alexis Haupt appelle le complosophisme, le candidat démocrate assène : « Dès à présent, je suis en désaccord avec une organisation appelée TNI, The Trusted News Initiative. The Trusted News Initiative est une conspiration initiée par la BBC. Ils y ont réuni tous les organes d’information anciens, y compris The Associated Press, Reuters, UPI, Washington Post, et bien d’autres… Et ils les ont associés aux plateformes des réseaux sociaux de Microsoft, Google, Facebook, Twitter, et ils ont tous conclu un accord pour censurer certains types d’informations, par exemple toute information sur la Covid qui s’écartait des orthodoxies gouvernementales, mais aussi des informations qui remettaient en question tout type d’orthodoxies politiques, comme tout récit sur l’ordinateur portable de Hunter Biden, les récits sur la guerre en Ukraine incompatibles avec les positions officielles des États-Unis… » Et Robert Kennedy de poursuivre : « C’est une chose extraordinaire qui ne s’était jamais produite auparavant. Mais nous avons obtenu la mouture des communications internes et l’une des choses que la BBC, les organisateurs ont dit, au début, c’est que : vous savez, il s’agit de nous sauver, nos modèles économiques (…) la plupart des gens nous observent et disent, CNN et BBC sont des concurrents mais nous ne le sommes pas. La vraie concurrence vient de ces milliers de sites de médias alternatifs émergents qui érodent la confiance des sites traditionnels et nous privent de notre modèle commercial. Nous devons donc nous unir (…). Ils voulaient, en fait, tuer tous ces sites et ils l’ont fait en s’accordant sur un seul récit, qui était le récit officiel du gouvernement, puis en censurant, en ridiculisant, en étranglant ou en frappant de l’ombre quiconque contestait ces orthodoxies », ajoute Robert Kennedy.

Dahmane SOUDANI

Lien vers l’intervention de Robert F. Kennedy : https://www.tiktok.com/@rfk4usa/video/7255158925283052843?_r=1&_t=8e7RVBuAbV8

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