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USA. Présidentielle : Robert Kennedy défie Joe Biden

Joe Biden a du souci à se faire. Outre Donald Trump dont la popularité semble résister aux épreuves, il aura, dans son propre camp, un challenger à prendre très au sérieux en la personne de Robert Francis Kennedy Jr. L’homme affiche de fortes convictions. Il est percutant et crédible.

Robert Kennedy sur le plateau d’Elizabeth Vargas (Écran-DR)

Candidat à la présidentielle de 2024, Robert F. Kennedy (69 ans) est prêt à un divorce avec le parti démocrate, sa famille politique, pour restaurer l’autorité morale du pays, pour dire la vérité aux Américains, pour mettre fin aux mensonges des médias et des gouvernants et pour la paix dans le monde ; de vrais sujets, mais qui n’ont, malheureusement, plus pignon sur rue. « Nous avons été dupés, par notre presse, par notre gouvernement. Nous devons commencer à entendre la vérité et devons cesser de prêter attention à ces représentations de bandes dessinées (qu’on nous propose) », plaidait-il récemment sur le site Townhall, lors d’une interview de 90 minute conduite par Elizabeth Vargas.

La vérité d’abord !

Robert Kennedy montre le chemin de la vérité (Écran DR)

Et lorsque celle-ci le reprend en soutenant : « Mais vous savez que la grande majorité des démocrates a pleinement et systématiquement soutenu le président Biden », il répliqua : « Cela ne règle pas les choses ; Nous devons être une nation morale. Nous devons restaurer notre autorité morale dans le monde. Si tous les démocrates sont contre moi, je vais quand même le dire. Je vais dire la vérité aux gens. »

L'inflation, immigration, le contrôle des armes, les vaccins et la politique étrangère ont été les principaux points abordés au cours de cet entretien. Mais c’est sur la question ukrainienne que le juriste spécialisé et dans l’environnement et neveu du défunt président Kennedy s’est épanché, tellement la situation semble devenir de plus en plus incontrôlable et potentiellement dangereuse pour la sécurité collective et la survie de l’humanité.

Cuba et l’Ukraine

Au moment de la dissolution du pacte de Varsovie, « les Russes disaient : la seule chose que nous attendons de vous, c’est que vous ne déplacerez pas l’OTAN d’un pouce vers l’est. Baker -James Baker- secrétaire d’État de l’époque a dit : nous ne déplacerons pas l’OTAN d’un pouce vers l’est.  Depuis lors, nous nous sommes déplacés de mille miles (1609 km) vers l’est et (intégré) 14 pays et nous avons mis en place des systèmes de missiles en Roumanie et en Pologne, près de la frontière russe, rappelle-t-il.

Robert Kennedy avec son oncle John F. Kennedy (Écran DR)

« Rappelez-vous quand la Russie avait installé des missiles nucléaires à Cuba, qui est plus loin (de Washington) que nous en avons maintenant, par rapport à Moscou. Nous aurions envahi s’ils ne les avaient pas retirés. Mon oncle était alors président. Il savait pourquoi les Russes avaient fait cela. Khrouchtchev l’a fait parce que nous avions installé des missiles nucléaires Jupiter en Italie et en Turquie. Vous savez mon oncle et mon père ont rencontré secrètement l’ambassadeur (d’URSS, à l’époque Anatoly Dobrynin) et ont conclu un accord secret consistant en ceci : si vous retirez vos missiles maintenant, nous retirerons les nôtres de la Turquie. », poursuit le candidat.

Les Américains avaient tenu à ce que cette partie de l’accord ne soit pas rendue publique. De sorte que tout le monde comprenne que c’est l’ultimatum de Kennedy qui a poussé les Russes à retirer leurs missiles. De cette fiction, la presse en avait fait les choux gras.

Russie : les traumatismes du passé

« Vous savez, les Russe ont été envahis à trois reprises à partir de l’Ukraine. Lors de la dernière invasion, les Allemands ont tué un Russe sur sept (dans les territoires envahis). Ils ont réduit un tiers de la Russie en décombre. Dans une conférence donnée en 1963, à l’université américaine, mon oncle disait que les Allemands avaient détruit l’équivalent des territoires américains allant de la côte Est à Chicago. Imaginez un seul instant que tous les champs de blé, toutes les forêts brûlés et toutes les villes réduites en décombres. C’est ce qui s’est produit (en Russie). Ils redoutent donc à juste titre que nous envoyions l’OTAN en Ukraine. Après tout, nous ne les laisserions jamais installer des systèmes de missiles au Canada ou au Mexique. Nous envahirions s’ils faisaient cela. Nous devons donc être capables de nous mettre à leur place », détaille Robert F. Kennedy Jr.

L’OTAN avait promis de ne pas s’étendre d’un pouce, elle a avancé de 1 600 km

À la question « Et vous pensez que donner une partie de l’Ukraine à Poutine nous redonne une forme de moral ? », Robert F. Kennedy ne désarme pas.  « Je n’ai pas dit qu’il fallait donner une partie de l’Ukraine à Poutine. Initialement Poutine a accepté d’abandonner l’Ukraine à son sort et de ne pas y intervenir, si nous signions un accord. Vous savez bien que Poutine ne demandait aucune partie de l’Ukraine. Même si les populations ethniquement russes de l’Ukraine avaient voté dans le Donbass pour rejoindre la Russie, il a dit NON (…). Les Russes ne voulaient tout simplement pas que l’OTAN entre en Ukraine. Nous, on a dit qu’on s’en fichait. Quoi qu’il en soit, lorsque, par le passé, nous avions dit que nous allions le faire, George F. Kennan (1904-2005), qui est le diplomate le plus important de l’histoire américaine (…) a dit : si vous alliez en Ukraine, vous forceriez les Russes à réagir violemment. William Perry, qui était le secrétaire d’État sous Bill Clinton, avait lui aussi déclaré : si vous alliez en Ukraine avec l’OTAN, je démissionnerais, parce que vous obligeriez les Russes à riposter violemment. Et William Burns, actuel chef de la CIA qui était alors l’ambassadeur américain en Union soviétique et avait dit la même chose (…). Donc, nous le savions tous, tous nos diplomates le savaient, mais c’est par une représentation de bande dessinée que le peuple américain a été informé par ses dirigeants.

Les journalistes n’ont pas toujours la possibilité de dire la vérité, de faire leur travail

Pour rappeler combien il est, parfois, difficile pour les journalistes de dire la vérité, en fait de faire leur travail, Robert F. Kennedy cite l’exemple de Phil Donahue, une célébrité médiatique américaine ayant connu un succès et une longévité de carrière exceptionnels. « Au sommet de sa popularité, il a dit la vérité sur la guerre en Irak. Il a déclaré qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive en Irak. Deux jours plus tard, il a perdu son emploi », relate le candidat.

Un challenger très haut dans les sondages (Écran DR)

Cela s’est passé en février 2003. Phil Donahue travaillait alors pour MSNBC. Suite à ses prises de position son émission Donahue sur MSNBC avait été brusquement annulée. Car selon son employeur le journaliste serait devenu un « visage public difficile pour NBC en temps de guerre » et que sa tribune pourrait devenir « un foyer pour l’agenda anti-guerre libéral ». En 2007, Phil Donahue soutient que MSNBC, à l’époque détenue par General Electric, un important sous-traitant de la Défense, exigeait que « nous ayons deux conservateurs (invités) pour chaque libéral. J’étais compté comme deux libéraux ».

Assez haut dans les sondages

« Nous devons cesser de prêter attention à ces représentations de bandes dessinées, soutenant qu’il y a des méchants et des gentils et que les Américains sont toujours des gentils et qu’on ne se trompe jamais… Nous devons comprendre qu’il y a des nuances, il y a de la complexité dans nos relations et nous devons être capables de nous mettre à la place de nos adversaires, si nous voulons avoir la vraie paix dans un monde auquel nous aspirons tous », conclut le candidat démocrate.

Un sondage du 15 juin montre que 49% des électeurs sont favorables à Robert F. Kennedy Jr, comme candidat des démocrates contre seulement 44% pour Joe Biden  

Vraisemblablement, le discours de Robert F. Kennedy Jr. parvient à convaincre une partie de sa famille politique. Un récent sondage (Economist yougov) sur les primaires au sein du parti démocrate montre que 49 % des électeurs lui sont favorables, contre 44 % pour le président Joe Biden. L’état major du parti est littéralement KO.

Dahmane SOUDANI

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