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Assassinat de Mohamed Brahmi : la Tunisie s’engage dans l’inconnu

Dans les rues, en nombre impressionnant, ce vendredi, les manifestants revendiquent la chute du gouvernement.

L'ONU va se pencher sur l'un des plus graves assassinat politiques (photo Dahmane Soudani)

L’ONU va se pencher sur l’un des plus graves assassinat politiques (photo Dahmane Soudani)

L’assassinat, jeudi dernier de l’opposant de gauche Mohamed Brahmi est un acte très grave, d’abord parce qu’il a porté atteinte à la vie d’une personne. En second lieu quels que soient les mobiles et/ou les calculs qui se cachent derrière ce crime, Mohamed Brahmi a été visé pour ses idées. Intervenant six mois après la tragique disparition d’une autre grande figure de l’opposition en la personne de Chokri Belaid, cet acte odieux montre, par ailleurs, qu’en Tunisie, l’assassinat politique se répète dans un climat délétère où le pouvoir en place qui devait être transitoire et est en passe de se pérenniser en remettant aux calendes grecques, la mise en place de l’édifice institutionnel du pays.

Réactions d’une société saine

Ce vendredi, les Tunisiens sont encore descendus, en nombre important, dans la rue et fait exceptionnel, la puissante centrale syndicale UGTT a décrété une journée de grève nationale, du reste très suivie. Un climat de révolte qui n’est pas du goût de certains mathusalems de la place qui tentent par tous les moyens de freiner l’évolution de la société tunisienne en l’enfermant derrière un rideau de fer. Les Tunisiens ont raison de réagir avec force et vigueur, de manifester leur indignation, de faire sentir leur colère aux assassins et à leurs éventuels commanditaires et de leur signifier que non seulement leurs actes criminels sont répréhensibles, mais que leur geste ne bénéficie d’aucune indulgence. C’est la réaction d’une société saine et c’est la seule garantie pour contraindre les pouvoirs à assurer la protection des citoyens, de tous les citoyens, afin que le recours au meurtre politique comme moyen de manipulation, d’intimidation et d’enfermement de l’expression plurielle de la Tunisie, ne se banalise pas.

Les manifestants et le mouvement Tamaroud revendiquent ouvertement la chute du gouvernement dominé par le mouvement islamiste Ennahdha estimant que les idéaux pour lesquels les jeunes tunisiens s’étaient révoltés un certains janvier 2011 ont été usurpés. Il semblerait également que certains corps constitués aient exigé de l’exécutif en place des résultats rapides.

Le gouvernement pointé du doigt

Du coup, comme par enchantement, le gouvernement a immédiatement découvert un assassin présumé, un salafiste extrémiste répondant au nom de Boubaker Hakim et que l’arme utilisée –probablement la sienne- est la même que celle qui avait porté les coups mortels à Chokri Bélaïd.

Cette tournure des événements ne fait qu’accentuer les suspicions qui pesaient déjà sur le gouvernement en place. À ce propos, Béji Caïd Essabsi, dirigeant de Nidaa Tounès ne mâche pas ses mots. « Si le gouvernement avait dévoilé l’identité des commanditaires et des tueurs de Chokri Bélaïd, nous n’en serions pas là (…) Il n’y a pas eu de sérieuses poursuites judiciaires, cela a encouragé les criminels à récidiver » a-t-il déclaré à l’AFP.

L’assassinat de Mohamed Brahmi plonge la Tunisie dans sa énième crise politique depuis les révoltes de janvier 2011, fragilisant ainsi un peu plus le pouvoir en place. Les opposants les plus déterminés estiment avoir un nouvel atout pour faire tomber le gouvernement ; de son côté Ennahdha va tenter d’utiliser l’instabilité comme source de perfusion pour prolonger, ad vitam aeternam, la vie de l’exécutif en place. La Tunisie, elle, elle fait un nouveau pas vers l’inconnu.

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