Il a fallu que le compteur de l’Association des médecins turcs – Turkish Doctor’s Union- affiche 7 500 blessés dont une cinquantaine grièvement pour que Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc veuille recevoir à la hâte, dans la nuit de jeudi à vendredi, une délégation d’une dizaine de personnes dont deux représentants de la plate-forme Solidarité Taksim. Grande surprise pour le Premier ministre, ce ne sont pas des « voyous » -comme il a pour habitude de les qualifier- qui étaient venus à sa rencontre, mais des artistes et des représentants de la société civile turque.
À l’issue d’une rencontre de quatre heures, le maître d’Ankara a lâché un peu de lest en reconnaissant le caractère suspensif de la procédure judiciaire actuellement en cours. En clair, le projet d’aménagement à l’origine de la fronde, sera gelé tant que la procédure d’appel, actuellement en cours devant le tribunal administratif d’Istanbul, n’aura pas été à son terme. L’exécutif turc s’est engagé à respecter la décision de Justice en indiquant que quelle que soit l’issue de la procédure judiciaire en cours, il organisera quand même un référendum public –genre votation suisse- sur le projet sans préciser la problématique exacte de cette consultation.
Cette démarche paradoxale du gouvernement turc a alimenté la méfiance des protestataires qui occupent toujours le parc Gezi, dans un ultime espoir de sauver le site et ses 600 platanes. Certains des représentants du collectif Solidarité Taksim, redoutent que les concessions faites par M. Erdogan servent justifier une évacuation par la force du parc comme ce fut le cas pour la place Taksim qui a changé de locataires, la police y ayant planté son décor. C’est un grand coup de poker. M. Erdogan peut tout gagner, mais sur un simple incident tout peut basculer.


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