Les dernières révélations sur la surveillance des échanges à distance irritent l’administration américaine où plusieurs poids lourds politiques et de la sécurité sont montés au créneau.

South China Morning Post publie un portrait d’Edward Snowden pris dans les locaux de la NSA (photo d’écran DS)
Les révélations faites, il y a une semaine, par Edward Snowden au Guardian et au Washington Post sur PRISM, le programme américain de surveillance d’Internet, ne cessent de provoquer des remous. Mis en place par la National Security Agency (NSA), PRISM s’intéresse aux communications tant nationales qu’internationales.
À l’intérieur des Etats-Unis, sa divulgation a fait naître un véritable malaise chez les Américains et le général Keith Alexander, le puissant patron de la NSA a dû s’expliquer devant le Sénat. De son côté Barak Obama a eu du mal à cacher son embarras pour défendre PRISM devant la presse.
Parmi les autres réactions les plus médiatiques, l’American Civil Right Union (ACLU), l’une des plus importantes organisations de défense des droits civiques aux Etats-Unis, a engagé une procédure pour « violation les droits constitutionnels des Américains en matière de liberté d’expression »
De l’autre côté de la barrière, aussi bien le président américain que le général Keith Alexander ont tenté de légitimer l’existence de ce programme dont ils ont, par ailleurs, défendu la légalité, par la lutte contre le terrorisme. Ce jeudi, Robert Mueller, le patron du FBI leur emboite le pas en expliquant que la surveillance tactique aurait pu stopper les attaques du 11 septembre 2001.
Irritée par les informations sensibles que l’ancien agent de la NSA pourrait communiquer à des puissances étrangères, Washington souhaite par ailleurs, une extradition rapide d’Edward Snowden et le FBI a déjà lancé une enquête pénale à son endroit.
Bruxelles veut des explications
Réfugié à Hongkong depuis le 20 mai dernier, Edward Snowden (29 ans), travaillait pour la société de consulting, Booz Allen Hamilton, majoritairement détenue par le groupe Carlyle, en tant qu’analyste d’infrastructure auprès de la NSA. Ce jeune natif de Caroline du Nord qui a grandi dans une banlieue du Maryland, était en poste à Hawaï. Au micro de Glenn Greenwald -le bloggeur à l’origine des premières révélations sur le Guardian-, il a également déclaré qu’il était ingénieur, administrateur et conseiller auprès de la CIA. En tout, il aura travaillé pendant 8 ans pour les différents services secrets américains. « Depuis mon bureau, j’ai les pouvoirs de mettre sur écoute n’importe qui, vous directement ou depuis votre compte, un juge fédéral, voire même le Président à partir d’une simple adresse email », avait livré à Glenn Greenwald, celui qu’on a déjà surnommé « le lanceur d’alerte », pour décrire PRISM.
Le président américain a confirmé l’existence de ce programme et son caractère secret. Outre la révélation de ce programme, Edward Snowden affirme avoir accéder à des informations ultra sensibles. « J’ai eu accès à des listes complètes de tous ceux qui travaillent à la NSA, de la communauté du renseignement toute entière et des agents infiltrés partout dans le monde, les emplacement de chaque bureau, ce que sont leurs missions et ainsi de suite », affirme-t-il, lors de sa première interview.
Dans sa seconde interview, réalisée dans un lieu tenu secret et publiée ce matin par South China Morning Post, Edward Snowden ajoute que les Etats-Unis ont, depuis des années, piraté Hongkong et la Chine et que Washington faisait pression sur les autorités hongkongaises pour obtenir son extradition. Il donne même des noms de cibles et des chiffres. Depuis 2009, l’Université chinoise, les fonctionnaires, les entreprises et les étudiants auraient été dans le viseur de PRISM. Edward Snowden estime, selon le quotidien chinois, que par ce biais, il y avait eu plus de 61 000 d’activités de piratage dans le monde dont des centaines en Chine continentale et à Hongkong.
Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Régulièrement accusée par la presse et depuis peu par les officiels américains de Cyberespionnage et de Cyberattaque la Chine qui, de son côté a toujours fait valoir une sorte de cyber-réciprocité a, désormais, un atout en main et il n’est pas de moindres. « Je ne suis pas ici pour fuir la justice, mais pour révéler des faits répréhensibles. Je ne suis ni traître, ni héros. Je suis un Américain », clame pourtant Edward Snowden qui invite ses concitoyens à saisir leurs élus pour mettre fin à ce programme.
Reste que South China Morning Post s’offre même le luxe de publier un portrait d’Edward Snowden, selon toute vraisemblance, pris à l’intérieur des locaux de la NSA.
Sur le plan international, si la Chine reste de marbre, Bruxelles demande à Washington de s’expliquer et à Berlin où Barak Obama est attendu dans quelques jours, plusieurs ministres ont exigé qu’il s’en explique dès son arrivée.
Côté Internet, pratiquement tous les grands fournisseurs d’accès ont adhéré à PRISM (voir repères).
Repères
Fournisseurs d’accès ayant participé au programme de surveillance PRISM selon The Washington Post.
Les dates indiquent le début de collecte des informations
Microsoft (11 sept 2007), Yahoo (12-3-08), Google (14-1-09), Facebook (3-6-2009), PalTalk (7-12-2009), YouTube (24-09-10), Skype (6-2-2011), AOL (31-3-2011) et Apple (Octobre 2012).


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