Les recettes tirées des hydrocarbures ont chuté près de 14% au cours du premier trimestre 2013 tandis que les transferts vers l’étranger ont enregistré une hausse de 6,7 %, provoquant une « situation n’est pas soutenable », explique une note de conjoncture de la Banque d’Algérie qui indique toutefois que la situation financière de ce pays reste solide.
Le prix du baril de pétrole a enregistré une baisse 5,7%, au cours du premier trimestre 2013, passant à 112,51 dollars le baril contre 119,31 dollars au cours de la même période –habituellement de forte demande- 2012. En valeurs, sur les trois premiers mois de l’année en cours, les recettes tirées des exportations des hydrocarbures ont dévissé de 13,95% passant de 20,378 milliards de dollars en 2012 à 17,536 milliards en 2013. Mais, il n’y a pas que la baisse du prix du baril qui explique ce manque à gagner. La Banque d’Algérie (BA) explique, par ailleurs que sur ce même trimestre, le volume des hydrocarbures exportés a, lui aussi, chuté de 8,86% et ce « dans un contexte faiblesse structurel des exportations hors hydrocarbures ». Cette dernière ligne à l’export n’aura généré que 319 millions de dollars contre 206 millions en 2012. Ce qui représente, malgré l’appréciation portée par la BA, un bond de près de 55%.
L’envolée de la courbe des importations
En face, sur la période prise en considération, les importations ont englouti la faramineuse enveloppe de12,61 milliards de dollars en 2013. Elles sont en hausse de 8,6% au regard du premier trimestre 2012. Cette envolée de la facture des importations est essentiellement animée par l’acquisition des biens de consommation non alimentaires dont les produits pétroliers (83%). Les produits alimentaires ont quant à eux progressé de 15,1%.
En revanche, l’importation des biens d’équipements industriels, synonyme de production de valeur ajoutée, déjà en repli en 2011 et 1012 s’est encore contractée de 22%. L’importation de services a suivi la même tendance permettant de réaliser une économie de 2 milliards de dollars. « Sous l’effet d’un élargissement du déficit des revenus des facteurs (NDLR. PNB) et d’une diminution des transferts nets, conjugué à la forte contraction de l’excédent commercial, l’excédent du compte courant de la balance des paiements extérieurs a enregistré une baisse substantielle. En conséquence, et malgré la stabilisation des investissements directs étrangers (nets), le solde global de la balance des paiements est en léger excédent au premier trimestre 2013 comparativement au rythme trimestriel des deux dernières années. Au total, les données de règlement des banques indiquent que les transferts vers l’étranger ont enregistré une hausse globale de 6,7 % par rapport au premier trimestre 2012, en contexte de baisse des recettes d’exportations d’hydrocarbures. Cette situation n’est pas soutenable, d’autant qu’elle constitue une vulnérabilité pour la balance des paiements extérieurs », s’inquiète l’institution financière algérienne de référence qui néanmoins ne détaille pas cette hausse des transferts .
Situation financière solide
Par contre, « le léger excédent » de la balance de paiement correspond à un montant de 846 millions de dollars contre 4,164 milliards de dollars en 2012 (-79,7%).
Reste que la situation financière de l’Algérie demeure, malgré tout solide. L’encours des réserves de change (or non compris) était de 189,768 milliards de dollars à fin mars 2013 pour une dette extérieure de 3,451 milliards de dollars contre 182,224 milliards de dollars à fin décembre 2011 et une dette extérieure de 4,229 milliards de dollars.
Mais dans un contexte d’incertitudes planétaires, si importantes soit-elles, les réserves de devises doivent être mises à l’abri des risques tant au niveau des dépôt que des placements et ce d’autant que les pays émergeants considérés comme de bons emprunteurs, semblent revoir les taux d’intérêt à la baisse. « La Banque d’Algérie a poursuivi au premier trimestre 2013 la gestion prudente des réserves officielles de change en mettant de plus en plus en avant le suivi rigoureux et la gestion des risques, au moyen notamment de mesures de prudence appropriées pour préserver le capital des investissements de toute perte, tout en atteignant un niveau de rendement acceptable vu la persistance de l’environnement de faibles taux d’intérêt mondiaux. A fin mars 2013, les emprunts publics à 10 ans aux Etats-Unis affichaient un rendement de 1,9 % contre 1,4 % pour les titres publics allemands de même maturité », soutient la direction de la BA ; une façon à peine voilée, de dire que les placements interviennent en partie dans la chute des rentrées en devises
« Pour mémoire, les investissements effectués par la Banque d’Algérie dans les titres souverains des pays de la zone euro portent sur les titres les moins risqués, pendant que les dépôts sont orientés plus vers les banques centrales pour endiguer tout risque de contrepartie », ajoute la BA qui ne précise pas si tous les dépôts à l’étranger ont déjà été transférés vers les banques centrales.
Dahmane Soudani


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