À propos de l’article

Avatar de MaghNord News

Information sur l'auteur

Continuous news from both sides of the Atlantic

USA. Le Sénat donne un coup d’arrêt au projet de contrôle sur les armes à feu

Des armes comme celle-ci en vente libre (photo Dahmane Soudani).

Des armes comme celle-ci en vente libre (photo Dahmane Soudani).

Wayne LaPierre, président du NRA  peut se réjouir. Un lobby, le sein, a fait avorter un projet soutenu par un président élu au suffrage universel et voulu par plus de 90% des Américains.

20 juillet 2012, Century 16 Movie Theaters, à Aurora (Colorado) :12 jeunes tués et 59 autres blessés ; 14 décembre 2012, école de Sandy Hook (Newtown, Connecticut) : 20 élèves et six adultes tués ; 24 décembre 2012, Rochester (État de New York) : 2 pompiers tués dans un guet-apens, 10 avril 2013, Géorgie : 1 personne tuée et plusieurs autres blessés, suite à une prise d’otages… Et il ne s’agit là que des actes les plus frappants et les plus médiatisés. Sans compter qu’on a tendance à oublier qu’au Mexique, les narcotrafiquants se procurent leurs armes de guerre essentiellement sur le marché américain.

Horrifiés par toutes ces tueries, plus des 90% des Américains sont désormais acquis à l’idée d’un contrôle plus renforcé des antécédents des candidats à l’acquisition d’armes à feu (1) ; un projet porté, à bout de bras, depuis décembre dernier, par Barak Obama et le parti démocrate, le sien.

Pourtant, à la surprise générale, en dépit du ralliement de certains élus républicains à cette initiative, ce mercredi, le Sénat américain où les démocrates sont majoritaires, a bloqué, le processus visant à légiférer sur cette question par 54 voix pour et 46 contre. Il manquait 6 voix pour atteindre les 60 suffrages nécessaires à l’engagement du processus.

Le plus surprenant, c’est que les voix de quatre sénateurs démocrates manquaient à l’appel. Il s’agit celles de Haidi Heitkamp,

sénatrice du Dakota du Nord, Max Baucus (Montana) Mark Begich (Alaska) et de Mark Pryor (Arkansas). Si le vote des trois derniers peut s’explique par le fait qu’ils doivent remettre en jeu leurs mandats en 2014, celui de la sénatrice du Dakota du Nord,

Le type d’armes proposé par PTR industries sur son portail (cop. écran DR).

Le type d’armes proposé par PTR industries sur son portail (cop. écran DR).

fraichement élue, pour la première fois, en 2012, ne semble obéir à aucune logique.

Il est vrai que même avec ces quatre voix le seuil de 60% des sénateurs n’aurait pas été atteint, mais la défaite politique aurait été moins cuisante. « C’est lâche ! », s’emporte une universitaire offusquée par le résultat du vote.

Légitimité et Lobbies : un conflit frontal

Il est vrai également que la très puissante association des fabricants d’armes, la National Rifle Association (NRA) de Wayne LaPierre et ses adhérents exercent constamment une très forte pression sur les sénateurs, les représentants et les gouverneurs. Mais ils n’ont pas que des oreilles.

La menace de délocalisation de PTR industries diffusée récemment (cop. écran DR).

La menace de délocalisation de PTR industries diffusée récemment (cop. écran DR).

Il y a une quinzaine de jours, le gouverneur démocrate du Connecticut, Dannel Patrick Malloy, avait anticipé le suffrage de Washington en faisant voter une loi au niveau de son état sur le renforcement du contrôle sur les armes à feu. La réponse ne s’était pas faite attendre. Basé à Bristol, PTR industries, soutenu par la NRA, annonce qu’il quitte le Connecticut. Il faut dire que la décision du gouverneur Malloy est très courageuse. Le Connecticut où le célèbre Colt avait vu le jour –plus précisément à Hartford, la capitale- en 1836, accueille de nombreux fabricants d’armes, sur son sol.

« Come on down », (comme venez vers le bas), réagit cyniquement, Rick Perry, gouverneur républicain du Texas, à l’annonce de PTR industries. « Qu’ils y aillent. Je leur souhaite d’y trouver les mêmes compétences », confie un autre universitaire du Connecticut

De tels comportements de groupes de pression et d’industriels soulèvent de plus en plus sérieusement, la question de la remise en cause du droit des élus de mettre en place les politiques pour lesquelles ils sont élus.

En tout cas, s’agissant de la question du renforcement du contrôle sur les armes à feu, le vote de ce mercredi représente clairement un divorce entre un divorce entre les élus de Washington et l’opinion publique américaine.

Dahmane Soudani

(1) Lire le détail su sondage sur Reuters : http://www.reuters.com/article/2013/02/07/us-usa-guns-poll-idUSBRE9160LW20130207

Tags:, , , , , , , ,

Pas encore de commentaire.

Laisser un commentaire