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Iran-Afrique. Mahmoud Ahmadinejad au Niger

La visite du président iranien, à Niamey, intervient à un moment où, grâce à la récente exploitation de l’or noir, le Niger dispose des moyens d’une politique plus diversifiée.

Le président Iranien Mahmoud Ahmadinejad devra se rendre, ce lundi au Niger, après avoir passé près de 24 heures au Bénin. Le Niger est le quatrième producteur mondial d’uranium. Le groupe français AREVA (9,342 milliards de chiffres d’affaires en 2012) qui exploite déjà, depuis 42 ans, les deux mines d’uranium d’Arlit-Akokan, a obtenu en 2009 –un partenariat stratégique réalisé sous la pression de Nicolas Sarkozy-, l’exploitation du gisement d’Imouraren. Les trois mines uranifères se trouvent dans la région administrative d’Agadès (au nord-ouest du chef-lieu) le long de l’axe routier In Guezam (Algérie)-Agadès.

Sans effet sur le niveau de vie

Le site d’Imouraren dont le démarrage de l’extraction est prévu pour 2015 (initialement 2013 ou 2014), est considéré, du point de vue de son potentiel, comme le deuxième gisement d’uranium à ciel ouvert du monde, après celui de McArthur River au Canada. Il devra produire 5 000 tonnes d’uranium par an. Grâce à sa mise en exploitation, le Niger devra occuper le rang de deuxième producteur d’uranium au monde.

En 2012, les deux gisements d’Arlit-Akoken ont représenté près de 47% du tonnage total de métal uranifère produit par AREVA qui était de 9.760 tonnes. Avec l’entrée en production du site d’Imouraren, ce taux pourrait avoisiner les 70%,

L’ancien empire Songhaï produit également de l’or, du fer et du charbon.

Pour autant, l’exploitation des ressources minières du pays n’a eu aucun effet notable sur le niveau de vie des populations. En 2012, le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) a classé le Niger dans la position peu enviable de pays le moins développé du monde et son PIB était sauvé par l’agriculture qui en représente près de 40%. Par ailleurs, la question de pollution de l’environnement et des retombées sur les populations –une bombe à retardement- a été, à plusieurs reprises, pointée du doigt.

La diversification et le rêve énergétique

Depuis le 5 décembre 2011, le Niger est devenu un pays producteur de pétrole. Faisant d’une pierre deux coups, il a rejoint, dès 2012, le rang des pays exportateurs d’hydrocarbures ; une mission confiée à la jeune Société nigérienne des produits pétroliers (SONIDEP). Un rêve tant attendu et réalisé grâce à l’exploitation du gisement d’Agadem, situé à l’est du pays, par China National Petroleum Corporation (CNPC). Le traitement du brut est assuré par la Société de raffinage de Zinder (SORAZ) à capitaux sino-nigériens, implantée dans le sud du pays. En 2012, la production, en produits finis (essence et gasoil), de l’or noir était de 20 000 barils/jour pour un objectif de 80 000 barils/J en 2014. Sur le même exercice, Niamey a également produit 44 000 tonnes de gaz. Le pays arrive déjà à couvrir la totalité de ses besoins énergétiques et exporte 2/3 de sa production d’hydrocarbures.

En hausse de 11,3 à 15%, selon les estimations, le PIB du Niger est désormais de l’ordre de 18,9 milliards d’euros.

Les consommateurs nigériens, eux, ont immédiatement vu les prix des produits pétroliers et gaziers baisser de façon significative –de 15 à 49% selon les produits-.

La réalisation du rêve énergétique et ses retombées immédiates ont permis aux Nigériens de goutter aux bienfaits de la diversification des partenaires.

« La politique de nos intérêts »

Près d’une année après le démarrage de la production de l’or noir, le gouvernement nigérien a dénoncé « un partenariat déséquilibré » avec AREVA n°1 mondial du nucléaire. « Ce déséquilibre est corroboré par le fait que les recettes tirées de l’uranium représentent 5% des recettes du budget national, alors que le Niger passe dans l’opinion nationale et internationale, comme un des producteurs phares de ce minerai de part le monde, et y tient conséquemment des ressources importantes. Ce postulat a priori logique est pourtant loin de la réalité », avait notamment déclaré le ministre d’Etat Omar Hamidou Tchana. Lui emboitant le pas, les étudiants de l’université de Niamey ont organisé une manifestation le 5 avril dernier pour dénoncer les pratique d’AREVA

À Cotonou, Mahmoud Ahmadinejad a encore martelé que l’Iran « n’a pas besoin de bombe atomique » et que le programme nucléaire de son pays est destiné à des fins énergétique et médicales. « La pensée colonialiste n’est pas encore éliminée ; seule la méthode a changé mais le système est toujours là », assène le président iranien.

Message reçu 5 sur 5 à Niamey. Cité par l’AFP, Nouhou Arzika, président de Mouvement pour la promotion de la citoyenneté responsable (MPCR, fondé il y a juste une année) et acteur majeur de la société civile nigérienne a déclaré : « Nous devons faire désormais la politique de nos intérêts, en vendant notre uranium à qui nous voulons, y compris à l’Iran ».

Après le Niger, Mahmoud Ahmadinejad devra se rendre demain mardi au Ghana.

Dahmane Soudani

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