Super-bactéries. L’inquiétante propagation

Qu’elles portent les noms barbares de vancomycin-resistant enterococci (VRE), carbapenem-resistant klebsiella pneumoniae (CRKP), carbapenem-resistant enterobacteriaceae (CRE)…, pathogènes multirésistants, les super-bactéries inquiètent. Leur expansion fait planer le spectre de problèmes sanitaires majeurs.

Difficiles à détecter et provoquant des infections quasi-incurables –en particulier en raison de l’enzyme NDM-1, un gène de la famille des carbapénèmases-, les super-bactéries affectent de plus en plus de patients en milieux hospitaliers et les pensionnaires des centres de longs séjours. En particulier, les « superbugs », comme on les désigne dans la langue de Shakespeare, affectionnent les terrains personnes âgées et immunodépressives. Des super-bactéries comme les CRE ou CRKP peuvent provoquer la mort dans un délai de 30 jours et le taux de mortalité qui, semble-t-il reste sous-estimé, se situe entre 30 et 44% des patients infectés.

En 2011, déjà, aux Etats-Unis, la carbapenem-resistant klebsiella pneumoniae (CRKP) a été détectée dans les hôpitaux de 36 États de la fédération. Mais il ne faut pas se faire d’illusions, les autres pays ne sont pas épargnés par ces infections essentiellement nosocomiales. Loin s’en faut ! Si on ne dispose pas d’indications précises pour d’autres pays, cette carence est essentiellement liée à la non-disponibilité de l’information et aux faibles possibilités d’investigation, offertes aux spécialistes et aux média.

Une résistance qui se propage à d’autres souches

À ce propos, l’enzyme NDM-1, comme New Delhi metallo-beta-lactamase-1, qui rend les super-bactéries invulnérables aux traitements antibiotiques n’a-t-elle pas été isolée en Suède en 2008, mais sur un patient d’origine indienne ?

De surcroit ce gène semble doté de la capacité de se propager d’une souche de bactérie à d’autres.

Longtemps boudée, à cause de sa forte toxicité, la colistine –association de sulfates de polypeptides fournis par des souches de bacilius polymyxa- retrouve un regain d’intérêt à l’aune de la propagation, sans précédent, des superbugs. Elle a été utilisée avec un succès limité, chez des patients qui avaient contracté la CRKP. En dehors de cette option, dans l’état actuel des choses, l’isolement reste la seule mesure de précaution possible.

Cela dit, pour éviter de se retrouver face à des choix aussi douloureux, la prévention consistant à interrompre les chaines de transmissions possibles (désinfection, se laver les mains…) est vivement conseillée.

Dahmane Soudani