Tunisie. L’opposant Belaid Chokri lâchement assassiné

Chokri Bélaïd, le secrétaire général du Parti des patriotes démocratiques (PPD), n’est plus. Il a été emporté par les balles assassines  d’un tueur encagoulé d’un burnous.

Avant d’être la figure politique d’opposition qu’il incarnait jusqu’à sa mort, sa jeunesse fut jalonnée par des combats démocratiques et patriotiques. Au cours des années 1980, Chokri Bélaïd faisait partie du bureau exécutif de l’Union générale des étudiants de Tunisie et fut le principal animateur de la mouvance des patriotes démocrates au sein du campus tunisien ; ce qui lui a valu un mois d’internement dans un centre de détention du Sud de la Tunisie. Homme de gauche, Chokri Bélaïd n’a de cesse de dénoncer la violence et le terrorisme, le démantèlement de l’État et le transfert larvé de certains pouvoirs régaliens aux milices paramilitaires que sont « les Comités de protection de la révolution » et les dangers multiformes générés par la nébuleuse Ennahdha.

La veille de son assassinat, à l’occasion d’une conférence des presse relatée par les médias tunisiens,  le patron du PPD expliquait que : « La violence qui sévit en Tunisie est le résultat de la crise au sein du gouvernement et des conflits internes que connaît le mouvement Ennahdha ».

Pratiquement une année, jour pour jour, avant l’assassinat, Chokri Belaïd, à El Kef, une violente attaque avait eu pour cible une réunion du Parti des patriotes démocratiques. Immédiatement après, leader de gauche déclarait : « Cette agression s’inscrit dans une offensive organisée et orchestrée par le mouvement Ennahdha ». Et Belaïd Chokri d’ajouter : « La volonté d’Ennahdha et de son gouvernement vise à instaurer la violence, et le désordre et de porter atteinte à la paix civile (…) Il s’agit d’une violence méthodique derrière laquelle se dresse le mouvement Ennahdha à travers les Alliance de défense de la révolution ». Détail troublant : les assaillants, des jeunes pour la plupart, avaient alors investi la salle de réunion sous le regard indifférent des forces de l’ordre.

Homme de dialogue Chokri Belaïd fut l’un des membres fondateurs du Front populaire, une alliance de gauche qui regroupe une douzaine de formations politiques. De son point de vue, la gauche tunisienne « doit s’efforcer de forger une démarche propre, adaptée à la réalité et à la révolution tunisienne ».

Au lendemain de la chute de Ben Ali, il s’est battu de toutes ses forces pour inscrire dans la nouvelle dynamique, les espoirs des tunisiennes et des tunisiens en leur évitant d’être absorbés par le trou noir intégriste. Selon Chokri Belaid « la nouvelle Tunisie ne peut être que patriotique et démocratique ».

L’acte criminel qui a emporté l’opposant tunisien est signé. Il suffit de regarder le programme de Chokri BelaId, ce que l’homme symbolise réellement pour comprendre. De son vivant, il avait clairement identifié les assassins des Tunisiennes, des Tunisiens et de la Tunisie…., ses assassins, les fossoyeurs du rêve du peuple tunisiens. En tout état de cause, le gouvernement d’Ennahdha est responsable de la sécurité des biens et des personnes et il doit pleinement assumer cette responsabilité.