Au quatorzième jour des frappes de l’armée française, la coalition séparatiste du nord du Mali semble se fissurer. Les représentants de l’Azawad, alliés aux combattants extrémistes, venus de plusieurs pays, n’abandonnent pas la référence à la religion, mais semblent vouloir recentrer leur action sur leur revendication séculaire : le particularisme touareg. C’est ce qui ressort d’un communiqué adressé, ce jeudi, à Radio France Internationale (RFI) par Alghabasse Ag Intalla, un chef touareg issu d’une grande famille de Kidal (25 600 hab.) capitale de la région éponyme, située aux confins de l’Algérie et du Niger. Le notable touareg dit être à la tête d’un groupe dissident du mouvement armé extrémiste Ansar Eddine, dirigé par Lyad Ag Ghali.
Le nouveau groupe porte le nom de Mouvement islamique de l’Azawad (MIA) et contrôlerait toute la région de Kidal. Il affirme vouloir se démarquer de la violence armée et souhaite entamer des négociations avec le gouvernement central malien.
Kidal a été prise à l’armée malienne, par les extrémistes d’Ansar Eddine le 30 mars 2012.
Dans la configuration actuelle d’offensive des armées française et malienne, cette ville et sa région occupent une position stratégique. Sa défection consolide l’impossibilité de repli vers le sud-ouest algérien, déjà verrouillé par l’armée de ce pays. Les principales voies de communication vers le nord-est du Mali transitent, en effet, par cette région clé.
Que représente réellement ce MIA ? Il est trop tôt pour le dire. Va-t-il résister à toutes les formes de pressions des autres groupes, en particulier à l’aune des exactions revanchardes qui semblent déjà avoir été commises par des militaires maliens ? Difficile à prévoir.
Outre les frappes aériennes, au sol, les troupes françaises et maliennes ont repris en main la situation sur une ligne est-ouest Diabali-Konna-Douentza, au nord de Mopti, allant de la frontière mauritanienne au Burkina Faso. Mais les journalistes n’ont pas encore été autorisés à se rendre à Konna et Douentza pour vérifier ce qui se passe réellement sur le terrain.
Que vont faire à présent, les Salafistes, encore engagés dans l’occupation de la partie septentrionale du pays ? Difficile à prévoir avec la porosité des frontières des pays voisins et l’immensité du désert du nord du Mali. Les pistes ne manquent pas, mais le renseignement non plus, n’est pas prêt à dire son dernier mot.
Dahmane Soudani


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