Ce fusil d’assaut a été utilisé dans deux tueries qui ont endeuillé l’Amérique en cette période de fêtes de fin d’année.
Encore un fusil d’assaut Bushmaster impliqué dans la tuerie de lundi dernier à Webster –sur les rives de l’Ontario- au nord de Rochester dans l’État de New York. William Spengler le tireur qui selon toute vraisemblance a abattu, avec préméditation et de sang froid, deux pompiers et blessé sérieusement deux de leurs collègues, venus le secourir dans sa maison en flamme, était également en possession d’un revolver Smith & Wesson de calibre 38 et d’un semi-automatique Mossman calibre 12.
Outre le lourd bilan en vies humaines, l’incendie, déclenché à l’aube, a ravagé sept maisons autour de celle occupée par le tueur présumé et sa sœur, Cheryl. Âgée de 67 ans, celle-ci est d’ailleurs toujours introuvable. C’est d’autant plus inquiétant que William Spengler avait déjà tué sa propre grand-mère, alors âgée de 92 ans, en 1981 à coups de massette et que la police a découvert des restes humains dans la maison familiale.
La note dactylographiée laissée, sur les lieux, par le tireur récidiviste donne froid au dos. Il aurait planifié le piège tendu aux soldats du feu et l’incendie du quartier. Il aurait également noté qu’il voulait faire ce « qu’il aime le mieux faire, tuer des gens « .
En tant qu’ancien condamné, William Spengler n’avait pas le droit de posséder des armes à feu. De ce fait et en toute logique, l’un des objectifs de l’enquête consiste donc à déterminer comment, ce repris de justice a pu se retrouver en possession d’un tel arsenal.
Les investisseurs prennent leurs distances des fabricants d’armes
Après la tuerie de Sandy Hook à Newtown –Connecticut-, le 14 décembre dernier, le Fonds d’investissement privé Cerberus Capital Management LP (20 milliards de dollars d’actifs) a annoncé, le 18 décembre dernier qu’il engage immédiatement un processus de cession des parts qu’ils détient, depuis 2006, au sein du groupe Freedom qui fabrique les fusils Bushmaster.
« Il est évident que la tragédie Sandy Hook a été un événement décisif qui a suscité un débat national sur le contrôle des armes d’un niveau sans précédent. Le débat porte essentiellement sur l’équilibre entre la sécurité publique et la portée des droits constitutionnels dans le cadre du deuxième amendement. En tant qu’entreprise, nous sommes des investisseurs, et non pas l’Etat (…). Ce n’est pas notre rôle de prendre des positions, ou de tenter de façonner ou d’influencer le débat politique sur le contrôle des armes. C’est le travail de nos législateurs aux niveaux fédéral et étatique », explique le communiqué de Cerberus.
« Il y a, toutefois, les actions que l’entreprise que nous sommes peut entreprendre. En conséquence, nous avons décidé de nous engager immédiatement dans un processus destiné à vendre nos avoirs au sein groupe Freedom. Nous y maintenons un conseiller financier pour monter et exécuter un processus de cession de notre participation au sein du groupe Freedom (…) Nous croyons que cette décision nous permet de remplir nos obligations envers les investisseurs dont sommes chargés de protéger les intérêts sans pour autant se laisser entraîner dans le débat national qui est correctement conduit par ceux qui en ont officiellement la charge et la responsabilité publique de le mener », poursuit la direction de Cerberus.
Les Républicains et le NRA droits dans leurs bottes
Cerberus se démarque ainsi très nettement des positions de la National Rifle Association (NRA) portées par son président Wayne LaPierre. Mais le communiqué de la firme fait suite à la décision du Groupement de retraite des enseignants de l’État de Californie de retirer les avoirs qu’il détient au sein de Cerberus, justement en raison de son implication dans le consortium Freedom.
Cela dit, Cerberus n’est pas le seul groupe impliqué dans l’industrie de fabrication des armes de guerre. La firme Colt Defense est détenue conjointement par Sciens Capital Management, le groupe Blackstone et un fond géré par le groupe Crédit suisse. Rappelons que ce dernier faisait partie du top 5 des financeurs de la campagne du républicain Mitt Romney en vue de la dernière présidentielle avec, à l’appui, un don de 554 066 dollars.
Dans le sillage de Cerberus, les groupes Sporting Goods Dick, Walmart, Bass Pro Shop… ont, eux aussi, pris des mesures conservatoires.
Parmi les politiques, outre le président Obama et son entourage, des voix s’élèvent également pour limiter la circulation des armes à feu et réglementer leurs détentions et leurs usages. C’est le cas du sénateur démocrate Kevin de Léon (Californie) qui veut prendre une loi pour brider la vente de munitions. « Il demeure plus facile en Californie, d’acheter des munitions d’armes de poing que d’acheter un paquet de cigarettes ou de médicaments contre des allergies», déplore l’élu californien. Pour sa part, John Wright Hickenlooper, le gouverneur démocrate du Colorado veut rendre plus difficile l’accès des personnes mentalement instables, aux armes.
En face, il y a les défenseurs acharnés du deuxième amendement de la constitution des Etats-Unis, opposés à toute limitation significative de la vente et de la possession d’armes à feu, comme John Richard Kasich, gouverneur de l’Ohio et surtout son homologue le Texan Rick Perry également républicain et ancien aide de camp de George W. Bush avant que ce dernier n’accède à la magistrature suprême des Etats-Unis.
Dahmane Soudani
Repères
Aux Etats-Unis, le port des armes à feu est un droit constitutionnel. En effet, en vertu du deuxième amendement de la constitution des Etats-Unis d’Amérique qui date de 1791, tout citoyen a le droit de porter des armes. Et pour amender la constitution, il faudra d’abord disposer des deux tiers des voix de chacune des deux chambres (Sénat et Congress) ; ce qui n’est pas une simple affaire.
Voici ce que stipule le deuxième amendement : « Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé. »


Laisser un commentaire