François Hollande à Alger. Un pas vers une nouvelle ère de coopération

Le président français est attendu sur la question mémorielle.

Alger, en baptême de feu pour la stature internationale de François Hollande (photo Dahmane Soudani)

François Hollande est arrivé aujourd’hui à Alger pour une visite d’État de deux jours. Le président français qui a été accueilli à l’aéroport Houari-Boumédiène, par son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika, est accompagné d’une importante délégation composée, notamment de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, Nicole Brick ministre du Commerce extérieur et du général d’armée Benoît Puga, chef d’État-major particulier auprès du président Hollande ainsi que de plusieurs députés et sénateurs.

À leur arrivée devant le quartier administratif d’Alger (préfecture, mairie…), les deux présidents se sont offert une marche en empruntant le boulevard Zighout-Youcef, bordé d’une foule nombreuse. À l’entrée du siège de la wilaya (préfecture) d’Alger, la délégation a été accueillie par la chorale de la direction départementale « Jeunesse et sports » interprétant « Essalamou Alaïkoum » comme que la paix soit sur vous, un classique de l’art vocal algérien. Les deux chefs d’État ont immortalisé cet instant, fort symbolique, en posant avec les jeunes choristes de l’ensemble algérois.

La visite du président Hollande « permettra de consolider les bases de la relation d’exception que les dirigeants des deux pays s’emploient à ériger en partenariat stratégique », selon un communiqué de la présidence algérienne qui ajoute que cette visite permettra de « procéder à un échange de vues et d’analyses sur les grandes questions de l’actualité régionale et internationale ».

Au cours de la journée de jeudi, le président français devra prononcer un discours devant les parlementaires algériens et se rendre à Tlemcen. Dans cette ville, terre d’élection du président Bouteflika, il sera fait Docteur Honoris Causa de l’université Aboubakr-Belkaïd.

La donne a changé

L’agence APS indique que lors de cette visite plusieurs accords et conventions seront signés, en particulier dans les domaines économique,

Le devoir de vérité reste d’actualité (photo Dahmane Soudani)

éducatif et culturel. La cérémonie de signatures sera suivie par une conférence de presse de François Hollande.

À cette occasion, comme devant les parlementaires algériens, le président français est attendu sur la question mémorielle; un véritable devoir de vérité pour les Algériens. Dans une interview à paraître demain, les quotidiens algériens El Khabar et El Watan l’ont déjà interpelé sur le lourd passif colonial en Algérie. «Je souhaite que ma visite d’Etat en Algérie, soit l’occasion d’avancer dans ce sens, de franchir une étape dans la relation entre nos deux pays » a plaidé le président français avant d’ajouter : « Le moment est venu, en cette année du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. J’aurai l’occasion de m’exprimer devant les représentants du peuple algérien, au cours de ma visite. J’aborderai la question de la mémoire avec lucidité et responsabilité. Nous le devons aux victimes, à toutes les victimes et au peuple algérien. Nous le devons à la France. Nous le devons à l’Algérie ».

Sur le plan international, cette visite ne devrait pas faire évoluer les positions des deux pays de façon significative sur les principaux foyers de tension, comme le nord du Mali et la Syrie. En revanche, un pas nouveau peut être franchi dans la reconnaissance de la souffrance endurée par le peuple algérien durant la période coloniale. C’est important, d’abord, parce que ce n’est que justice et puis cela fait partie de la renonciation à un regard condescendant envers les anciennes colonies, clé de voute, en tout cas dans le cas de l’Algérie, d’une coopération durable et assise sur une réciprocité saine.

La donne a changé. Les candidats à la coopération avec les pays en voie de développement sont nombreux et l’un des géants en la matière, la Chine pour ne pas la nommer, est bien installé dans la course, sans œillères et sans handicap lié au passé.

Dahmane Soudani