Le président égyptien veut déployer l’armée, au moins jusqu’à fin février 2013
Après les pouvoirs exceptionnels le mettant à l’abri de toute procédure judiciaire qu’il s’est octroyés, la rédaction, à la hâte d’un projet de constitution assortie d’une annonce intempestive d’un référendum, la mobilisation de ses milices pour empêcher ses opposants de s’approcher du palais présidentiel, en lieu et place des forces de sécurité, le président égyptien, Mohamed Morsi agite désormais la menace de placer le pays sous le régime de la loi martiale pour faire taire la contestation. En matière d’autoritarisme, en six mois de pouvoir, le candidat des frères musulmans fait mieux que tous ses prédécesseurs depuis Gamal Abdel Nasser.
Le texte instaurant la mise en place d’une juridiction d’exception extrême a, selon le quotidien Al Ahram de ce samedi, été approuvé par le Conseil des ministres et pourrait bien être signé dans les heures qui viennent, par le président Morsi. L’Égypte sera soumise à ce régime, au moins, jusqu’aux prochaines élections législatives qui devront succéder au référendum constitutionnel prévu pour le 15 de décembre courant.
L’Armée refuse de s’engouffrer dans « un tunnel sombre »
S’il arrive au système répressif voulu par Mohamed Morsi et les frères musulmans d’aller jusqu’au bout de sa logique, cela veut dire que, sur deux élections majeures toute expression, y compris la dénonciation de fraudes avérées, sera de facto assimilée à la subversion donc répréhensible de façon extra-judiciaire. Al Ahram annonce qu’en vertu du texte en gestation, les forces armées égyptiennes seront déployées pour le maintien de la sécurité et la protection les institutions vitales du pays, jusqu’à la fin du processus électoral législatif, c’est-à-dire, au moins jusqu’à la fin du mois de février 2013.
Reste qu’une fois déployée, il n’est pas évident que l’armée se plie à toutes les injonctions du palais présidentiel. « La voie du dialogue reste le meilleur et l’unique moyen pour parvenir à une solution, à même de garantir les intérêts du pays et des citoyens. Le contraire nous conduirait dans un tunnel obscur aux conséquences désastreuses ; une option que nous ne permettrons pas », avait averti, de son côté, le porte-parole des forces armées égyptiennes, ce samedi. Le pouvoir judiciaire ayant pris ses distances par rapport au président Morsi depuis le début de ses dérives anticonstitutionnelles, les militaires pourraient bien être inspirés par une toute autre option, pour peu que les circonstances leur en donnent les raisons. C’est en tout cas ce que la nouvelle coalition, opposée au régime en place, appelle de ses vœux.
Mohamed Morsi et les Frères musulmans pensent qu’en organisant des élections sous un régime d’exception, ils pourront prendre l’Égypte en otage, mais il se pourrait bien que ce soit sur eux que le piège va se refermer.


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