Après les attaques de milices islamistes de mardi dernier, contre son siège et des membres de sa direction, l’UGTT appelle à une grève générale le 13 décembre prochain.
Le mouvement islamiste Ennahdha prend la lourde responsabilité de mettre le pays à feu et à sang en s’attaquant à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la plus puissante force sociale pays et courant majeur de sa stabilité. Mardi dernier, alors que le chef du gouvernement provisoire, l’islamiste Hamadi Jebali, participait à une opération de récupération de la mémoire de Ferhat Hached, fondateur de l’UGTT en 1946 et symbole fort de la Tunisie moderne et patriotique, des miliciens islamistes, proche d’Ennahdha se sont violemment attaqués au siège de la centrale syndicale. Cet assaut dont la violence n’a d’équivalent que le séisme qu’il a provoqué au sein de la société tunisienne et du mouvement syndical de par le monde, a fait plusieurs blessés dont des membres de la direction nationale de l’UGTT.
Tropisme atavique
L’UGTT dont la crédibilité n’est plus à démontrer, est formelle : selon ses dirigeants, la centrale syndicale détient les preuves de la présence de responsables régionaux du mouvement Ennahdha parmi les assaillants. Drôle de façon de célébrer l’anniversaire de la disparition de Ferhat Hached. Jour pour jour, soixante ans après son assassinat par les criminels de l’organisation terroriste coloniale « La Main rouge », le 5 décembre 1952, d’autres criminels recyclés en religieux s’en prennent à son héritage le plus précieux. Comme en 1952, l’objectif est le même : enchainer la Tunisie pour tenter de la mettre à genoux.
Ennahdha et le chef du gouvernement provisoire, issu de ses rangs, ont beau s’en défendre, la réalité est têtue et ne souffre d’aucune équivoque. Tout au long des troubles qui ont secoué le gouvernorat de Siliana, il y a quelques jours, Ennahdha et le gouvernement tunisien ont tiré à boulets rouges sur l’UGTT et l’Union régionale, alors que celles-ci étaient dans leur rôle de défense d’une déléguée syndicale agressée par un fonctionnaire et d’exigence d’une politique de développement local. Le tropisme atavique des Nahdaouis leur a surtout fait voir un défi et un échec politiques.
Ennahdha s’en prend aux libertés syndicales
Ennahdha qui n’est pas à une ambiguïté près « condamne l’attaque » et se dit solidaire, tenez-vous bien, « avec tous les blessés », en clair, y compris ceux dans les rangs des assaillants. Pourquoi pas, dans la mesure où pour le mouvement islamiste, « des syndicalistes ont attaqué des manifestants pacifistes qui réclamaient l’assainissement de l’UGTT » ; autrement dit des délégataires de services missionnés pour en faire une caisse de résonnance du mouvement islamiste.
En Tunisie, plusieurs voix s’élèvent déjà pour exiger la dissolution de la Ligue nationale pour la protection de la révolution et de ses comités locaux apparentés à Ennahdha.
La CGT et la CFDT accusent le gouvernement tunisien et Ennahdha
Hier, alors que la Commission administrative exécutive nationale de l’UGTT était réunie pour examiner la riposte à l’attaque de son siège, les Unions régionales de Kasserine, Gafsa, Sfax et Sidi Bouzid ont appelé à la grève générale pour ce jeudi. Un tout de chauffe, puisque dans la soirée, l’UGTT a lancé un appel à la grève générale le 13 décembre prochain pour dénoncer « les agressions sauvages commises à l’égard des syndicalistes, mardi, place Mohamed Ali », selon Hassine Abassi, secrétaire général de l’UGTT, cité par l’agence TAP.
Considéré comme l’un des syndicats les plus visionnaires du pourtour méditerranéen, l’UGTT est forte de 600 000 adhérents
Depuis la France, la CGT qui fut le premier syndicat de Ferhat Hached, « se déclare pleinement solidaire de son partenaire historique et dénonce l’ensemble des actes malveillants commis à l’égard de l’UGTT. Elle condamne fermement leurs auteurs et enjoint le Gouvernement tunisien à faire respecter les libertés syndicales dans le pays ». Pour la CFDT, « Les événements de Tunis (…) sont une nouvelle escalade dont le gouvernement porte la responsabilité alors que les milices multiplient, ces derniers mois, les exactions contre les militants et les locaux de l’UGTT. »


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