« La sécurité des journalistes constitue une préoccupation croissante face aux attaques contre les médias par des extrémistes religieux qui ont eu lieu en toute impunité.» constate un rapport de l’Unesco qui, par ailleurs, plaide la dépénalisation de la diffamation.
Adoptés en 2008, par la 26e session du Conseil intergouvernemental du PIDC (Programme international pour le développement de la communication), les indicateurs de développement des médias ou IDM (notre hors-texte), sont, depuis, utilisés volontairement par certains pays pour une évaluation de leurs paysages médiatiques. L’Unesco les exploite également pour diagnostiquer les situations de cette branche d’activité dans certains pays. Au Bhoutan, Croatie, Équateur, Gabon, Jordanie, Maldives, Mauritanie, Mozambique, Timor-Oriental et en Tunisie les secteurs médiatiques viennent de passer au peigne fin de ce nouvel instrument. Des évaluations sont également en cours réalisation en Bolivie, Brésil, Égypte, Mali, Népal, Ouganda, Palestine, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Uruguay et au Venezuela
L’étude consacrée à la Tunisie est intéressante, en particulier parce qu’elle concerne le développement récent des médias dans ce pays, en clair depuis le soulèvement populaire de janvier 2011. Structuré en cinq parties, selon le canevas IDM, le rapport de l’UNESCO pointe dans son premier chapitre « le manque de transparence et d’indépendance dans la nomination des dirigeants des organisations des médias publics et l’absence d’un cadre de régulation indépendant pour le secteur de l’audiovisuel. Il note également que la diffamation reste encore une infraction pénale en Tunisie. » On retiendra qu’en Tunisie, la question de la transparence dans la nomination des responsables de médias publics est d’une brûlante actualité.
Le nombre de titres en hausse
Dans le deuxième chapitre, les rédacteurs se félicitent des progrès accomplis en matière d’autorisation de nouveaux services de radio et de télévision, mais s’inquiètent du maintien d’un contrôle centralisé de l’infrastructure de la radiodiffusion et des retards pris par l’application du Décret-loi 2011-116, notamment pour ce qui concerne le cadre réglementaire de la radiodiffusion dans les secteurs privé et associatif. Le rapport note avec satisfaction l’augmentation du nombre de titres indépendants, mais insiste sur les défis économiques auxquels sont confrontés ces journaux, en raison de l’absence de réforme des systèmes de répartition de la publicité publique et de la distribution dans les différents points de vente.
Côté performance des médias en tant que source de rayonnement du débat démocratique, le vade-mecum de l’Unesco constate qu’une majorité des Tunisiens sont satisfaits du rendement des médias. Il n’en demeure pas moins que ses rédacteurs relèvent la nécessité d’une adaptation structurelle visant à garantir l’indépendance des radiodiffuseurs de service public vis-à-vis du Gouvernement. Parmi les failles du secteur médiatique tunisien l’organisation onusienne met à l’index l’absence d’un système d’autorégulation et de mécanismes de traitement des plaintes du public.
Cinquante recommandations
Dans cette troisième partie, la sécurité des journalistes, une autre question sensible a retenu l’attention des auteurs du rapport. « La sécurité des journalistes constitue une préoccupation croissante face aux attaques contre les médias par des extrémistes religieux qui ont eu lieu en toute impunité. Les autorités publiques doivent prendre des mesures concrètes pour assurer la sécurité des journalistes et des professionnels des médias », plaide le document de l’Unesco.
L’évaluation de la formation aux métiers de la communication, de l’action des organisations professionnelles et de celle des organisations de la société civile impliquées dans le secteur est plutôt satisfaisante, même si l’étude insiste sur l’indépendance de la formation.
Enfin, à propos de l’infrastructure et des technologies de l’information et de la communication (TIC), le rapport « note la nécessité de la poursuite des investissements dans les équipements des organisations de médias publics et d’assurer l’accès universel à l’Internet. Il souligne la nécessité de réviser la politique nationale des TIC pour refléter les engagements à la liberté d’Internet, et de maintenir l’abolition des systèmes de censure ».
Cet état des lieux est suivi d’une cinquantaine de recommandations dont une petite dizaine dédiée aux principes à institutionnaliser dans la constitution en cours d’élaboration.
La Rédaction
Les IDM
Les indicateurs de développement des médias définissent un cadre optimal pour que les médias puissent, à la fois, contribuer à la bonne gouvernance et au développement démocratique, et en bénéficier. Les IDM tiennent compte de toutes les composantes de l’environnement médiatique et s’organisent autour de cinq grandes catégories :
– Un système de régulation favorable à la liberté d’expression, au pluralisme et à la diversité des médias ;
– Pluralisme et diversité des médias, cadre économique dans lequel tous les acteurs sont en situation d’équité concurrentielle et transparence de la propriété ;
– Les médias comme plateforme pour un débat démocratique ;
– Formation professionnelle et soutien aux institutions de formation pour promouvoir la liberté d’expression, le pluralisme et la diversité;
– Existence de capacités infrastructurelles suffisantes pour soutenir des médias indépendants et pluralistes.
Cet ensemble d’indicateurs donne une image idéale de l’écologie des médias qui est à construire pour garantir la liberté d’expression, le pluralisme et la diversité des médias.
Par indicateur, il faut entendre une variable ou un facteur quantitatif ou qualitatif mesuré dans le temps, qui fournit une base simple et fiable pour évaluer les résultats, les changements ou les performances observés dans le paysage médiatique d’un pays. Pour chaque indicateur, le cadre défini par le PIDC propose divers moyens de vérification et des sources de données potentielles.
Source : Unesco
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Étude sur la Tunisie
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