« Les Libyens se sont battus contre Kadhafi pour crier haut et fort leur désir d’un État de droit. Des dizaines de milliers ont tenu à le rappeler, il y a quelques jours, à eux-mêmes et à tous les amis de leur pays. » C’est par cette déclaration, faite au quotidien L’Orient-Le Jour, que le Libanais Tarek Mitri, nouvel envoyé spécial des Nations-Unis en Libye, vient de décrire ce qui vient de se passer dans ce pays. En effet, bâtiment de la Sécurité au centre de Benghazi, une caserne et l’hôpital Al Jala occupés par le groupe paramilitaire salafiste Ansar al Charia et quartier général de la brigade islamiste Raf Allah al-Sahati pourtant passée sous le contrôle du ministère de la Défense et plusieurs autres sites occupés par des milices, durant la nuit de vendredi à samedi, plusieurs milliers de libyens, parmi lesquels des hommes armés ont réussi faire le ménage à Benghazi. La plupart des groupuscules visés par les attaques se sont enfuis à l’approche des manifestants. Le bilan en vie humaines est lourd : une douzaine de personnes décédées et plus de 70 blessés.
Face à des micro-pouvoirs qui s’autoproclament un peu partout et qui y vont chacun de sa loi, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, les honnêtes citoyens de ce pays n’en peuvent plus. L’assassinat de Stevens Christopher, ambassadeur des États-Unis et de trois de ses collaborateurs, il y a quelques jours, a mis le feu aux poudres d’une situation déjà explosive. « Les citoyens de Benghazi n’ont pas pardonné à cette brigade (NDLR Ansar al Charia) son lien présumé avec les incidents du consulat américain qui ont entraîné la mort de l’ambassadeur américain et de trois de ses collaborateurs le 11 septembre (…) Des centaines de citoyens, issus pour la plupart d’associations, ont pris les choses en main et appelé les forces régulières de sécurité à occuper les bâtiments désertés par les milices», déclarait au quotidien algérien El Watan, la militante associative Amira Sallek.
Bien sûr qu’il y a cette affaire du limogeage du vice-ministre de l’Intérieur pour la région Est et du chef de la police de Benghazi et leur remplacement par Salah Doghmane qui devra cumuler les deux fonctions et contre laquelle les deux débarqués tentent de faire blocage. Bien sûr que le ministre de l’Intérieur montre du doigt des infiltrés dans la manifestation, qui feraient partie des services de sécurité. Mais une chose est sûre : les citoyens libyens ne veulent pas s’arrêter en si bon chemin. Il ne se sont pas débarrassés des baillons du dictateur pour se contenter de la camisole de force des groupes intégristes. En tout cas ceux qui, jusqu’à vendredi dernier, Ansar al Charia en tête, pensaient que le peuple ne pourrait jamais se soulever contre eux, par le simple fait qu’ils brandissent un étendard religieux, se sont rendus compte à leur dépens qu’ils sont révocables à tout moment. Et l’avertissement est clair, il s’adresse aussi bien aux barons locaux qu’aux pouvoirs centraux qui s’aviseraient à ne pas respecter la volonté du peuple.
Une telle action n’épargne d’ailleurs pas le gouvernement central de Tripoli. Il est mis en demeure d’agir pour mettre en place, de façon aussi bien urgente qu’efficiente, les institutions nécessaires au fonctionnement normal du pays.
La rédaction


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