Le ministère de l’industrie annonce le lancement de la prospection dès 2013.
Le gouvernement provisoire tunisien a bien choisi le moment pour annoncer publiquement qu’il envisageait de se lancer dans l’exploitation du gaz de schiste. Cette information relayée par l’agence TAP (Tunis Afrique presse) et les autres média tunisiens a été rendue publique, hier samedi, journée mondiale contre l’exploitation de ces gaz dits non-conventionnels en raison de leur mode d’exploitation, par fracturation hydraulique. « La Tunisie est intéressée par la production de gaz de schiste qui constitue un moyen de répondre à la demande intérieure croissante et à la baisse prévue du stock traditionnel de pétrole », indique le communiqué du ministère de l’Industrie en confirmant par ailleurs que le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell s’était rapproché du gouvernement tunisien pour la réalisation de travaux de prospection dès 2013. « La Commission consultative des hydrocarbures a examiné une demande présentée par la société Shell pour la réalisation en 2013, de travaux de prospection d’hydrocarbures traditionnels (pétrole et gaz) et non-conventionnels (gaz de schiste) », précise le communiqué tout en précisant que, pour l’heure, aucun permis pour l’exploration de gaz de schistes n’avait été délivré. Des informations avaient circulé, la semaine dernière, sur la perspective de l’octroi d’un permis d’exploitation au groupe Shell dans la région de Kairouan.
L’ATTEM « une menace sur les ressources hydriques et l’environnement »
La Commission consultative aurait néanmoins « recommandé de parachever l’examen du dossier et d’offrir toutes les garanties afin de préserver l’aspect environnemental et les ressources hydrauliques » indique le même ministère qui soutient que le traitement de ce dossier va s’appuyer sur l’expérience des autres pays ayant adopté cette technique et d’ajouter « les techniques d’exploitation de gaz de schistes ont connu un succès dans plusieurs pays, dont les Etats-Unis et le Canada où des experts ont affirmé que son utilisation ne présente aucun danger », sans préciser de quels experts il s’agissait.
Il y a trois jours exactement (notre édition du 21 septembre 2012), Martine Ouellet, la nouvelle ministre du Québec des Ressources naturelles, ingénieur de formation, ancien chef des projets spéciaux à Hydro-Québec Production, avait expliqué à propos des gaz de schiste : «Je ne vois pas le jour où des technologies permettront une exploitation sécuritaire» pour annoncer « un moratoire complet, tant sur l’exploration que sur l’exploitation du gaz de schiste ».
D’ailleurs, la position du gouvernement tunisien n’a nullement convaincu la jeune et dynamique Association tunisienne de la transparence dans l’énergie et les mines (ATTEM). Cette association née au lendemain du soulèvement populaire de janvier 2011 avait publié un communiqué, vendredi dernier, dans lequel elle indiquait « La production d’hydrocarbures non conventionnels, notamment le gaz de schiste, nécessite l’utilisation de grandes quantités d’eau et de produits chimiques dangereux, ce qui menace les ressources hydriques et l’environnement ».
Ce qui est curieux, c’est que cette annonce du gouvernement tunisien ne semble reposer sur aucune estimation préalable des réserves tunisiennes en gaz de schiste.
Dahmane Soudani


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