Habitué à jeter à la vindicte publique les personnes qui ne partagent pas ses points de vue Abdellah Nhari se retrouve aux bancs des accusés.
Au Maroc l’imam Abdellah Nhari, proche du Parti de la justice et du développement, la formation politique majoritaire, comparait aujourd’hui devant le tribunal de première instance d’Oujda, pour incitation à la haine et appel au meurtre. Dans un enregistrement vidéo posté sur Youtube, cet imam extrémiste et plein de certitudes, avait appelé, voilà quelque temps, au meurtre de Mokhtar Laghzioui, rédacteur en chef du quotidien marocain arabophone « Al Ahdat al Maghribia ».
Le seul tort de ce jeune journaliste est d’avoir déclaré sur les ondes de la chaine libanaise « Al Mayadine » que les Marocaines et les Marocains avaient le droit de jouir entièrement de leurs libertés individuelles. « Tuez celui qui n’éprouve pas de jalousie », avait alors lancé l’imam salafiste en guise de punition du journaliste. On remarquera au passage que sortie de la bouche du prédicateur, la jalousie ne se conjugue qu’au masculin avec toutes les implications que cela suppose.
Le 1er juillet 2012, Abdellah Nhari avait été entendu, pendant trois heures, par la police marocaine, suite à une enquête ordonnée par le Parquet général d’Oujda, jugeant les propos de l’imam d’incitation au crime.
Caricature d’un autre âge
Abdellah Nhari n’est pas à son premier esclandre. En 2011 déjà, Nouzha Skalli, alors ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité (Parti du progrès et du socialisme), avait été l’objet de l’une de ses attaques haineuses. « Elle devrait être présentée devant un tribunal, si les lois de ce pays étaient respectées », avait déclaré le prédicateur enflammé à l’endroit de la ministre.
Se prenant pour un véritable représentant de Dieu sur terre, cet imam a, un peu trop vite, oublié qu’il y a des Marocaines et des Marocains qui adhèrent à des idées différentes des siennes et qu’ils en ont parfaitement le droit. Il a surtout oublié que lorsqu’on appelle au meurtre et à la haine, lorsqu’on fait l’apologie du crime, on n’est plus dans le domaine de la liberté d’expression, mais sur un terrain délictueux, communément admis comme tel, et donc passible de sanctions pénales.
Le fait que Abdellah Nhari adhère à des idées particulières ne lui donne aucun droit de vie ou de mort sur ses concitoyens ou sur d’autres personnes d’ailleurs. Il n’est pas non plus patriotique que ses concitoyens qui pensent différemment de lui ; une idée que l’imam tente de vendre en concomitance avec ses prêches. Loin s’en faut ! Lorsqu’on voit comment beaucoup de fanatiques dans le monde arabe reproduisent avec une fidélité troublante la caricature que faisait le colonialisme, version XIX et XXème siècles, du musulman, on est plutôt convaincu du contraire.
La Rédaction



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