En matière de respect des minorités religieuses l’université de Sacred Heart dans le Connecticut, donne l’exemple. La cérémonie dédiée à la première promotion d’été des étudiants en anglais seconde langue a été couplée avec la rupture du jeûne du Ramadhan.
Bonjour, t’es d’où toi ? Moi, je suis de Mecca el Mukarramah – comme la Mecque l’Honorée ou la Sainte cela dépend des interprétations-. Et toi ? Tu m’étonnes parce que moi aussi, je suis de Mecca el Mukarramah. La discussion s’engage rapidement entre Anas, le muezzin de la soirée et un de ses compatriotes, son ainé d’au moins une décade. Au bout de cet échange du genre avenant, les deux hommes découvrent qu’en fait, à plus 10 000 km de là, en Arabie saoudite, vous l’avez deviné, ils résident dans des quartiers assez proches l’un de l’autre et qu’ils avaient même des connaissances communes.
Cette rencontre, comme tant d’autres d’ailleurs, a été rendue possible grâce à une rupture du jeûne en guise une cérémonie de promotion, organisée, hier, par l’université catholique de Sacred Heart à Fairfield dans le Sud de l’État du Connecticut, à environ une heure et demi au Nord de New York. « Pour chaque promotion d’étudiants en ESL (NDLR. English Second Language), nous organisons une cérémonie, mais comme celle-ci tombe en plein Ramadhan, nous avons tenu à la programmer en soirée, pour ne pas heurter les sensibilités de certains de nos étudiants et leur donner également, pourquoi pas, l’occasion d’affirmer leurs convictions. L’idée d’une rupture du jeûne nous a semblé intéressante et nous l’avons donc retenue », explique, non sans une touche de grâce, Madeleine Monaghan, directrice du programme ESl.

Sous le regard de James Carl, Madeleine Monaghan tend la main aux étudiants de tous horizons (Photo Dahmane Soudani)
Ambiance familiale
Cette cérémonie d’un genre particulier n’a pas été boudée par les étudiants non musulmans. Loin s’en faut ! Dans une ambiance conviviale, la presque totalité de la soixantaine d’étudiants de la promotion se sont retrouvés réunis autour du même menu. Un buffet concocté par Layla Falafal, un restaurateur-traiteur oriental qui a planté son décor à Fairfield, voilà quelques années.
« Il y a des Brésiliens, des Espagnols, des Asiatiques…, mais c’est Layla qui nous a, tous, préparé à manger», se délecte Badr, un jeune Marocain qui travaille pour Sacred Heart University, venu à la soirée en compagnie de son épouse.
Des enfants accompagnant leurs parents, étaient également de la partie et leur présence a apporté à cette soirée, en plus de son caractère cosmopolite, une consonance familiale.
Ces n’est sans doute pas Wafa qui démentira. Elle est Saoudienne et étudie depuis cinq ans aux Etats-Unis. « C’est ma première année au Connecticut. J’ai passé deux ans en Géorgie, mais là-bas, il y avait une mosquée ; ce qui me permettait, durant le Ramadhan de voir plein de monde, le soir. J’ai passé deux autres années dans l’Ohio et là également j’avais une amie. À deux on arrivait à organiser des soirées Ramadhan. C’est donc la première année que je me retrouve toute seule. Vous savez, c’est déjà dur de faire le Ramadhan ici, parce que les journées sont très longues et autour de vous, vous avez des gens qui mangent et qui boivent en permanence. Je pense souvent à ma famille, mais ça reste dur quand même. Donc une soirée comme celle-ci me fait beaucoup de bien », détaille Wafa.
Appel à la rupture du jeûne
Avant de passer à table, dans un silence religieux -c’est le cas de le dire- l’appel à la rupture du jeûne a été porté par la voix sereine et à la tonalité mélodique du jeune Anas ; un moment qui, visiblement, avait enchanté Madeleine Monaghan. Pour les pratiquants, le repas fut suivi de la prière collective.
Une fois ces rituels accomplis, les étudiants ont vite retrouvé les attitudes et les réflexes communs à tous les jeunes. Exercice linguistique, photos de groupes ou particulières, échanges de coordonnées, humour, divertissements divers… étaient au menu de cette seconde partie de la soirée ; une belle façon de conjuguer ce qui est propre à chacun des différents groupes avec ce qui peut être vécu en commun.
Resté très discret, James Carl, doyen de la faculté de formation des enseignants a suivi la soirée de bout en bout.
La Rédaction








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