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Tunisie. Un renvoi d’ascenseur avec les bijoux de famille

Le gouvernement d’Ennahdha passe des conventions et effectue des transactions avec les Qataris sans en référer aux députés.

Dans son édition d’hier, le quotidien tunisien, Le Temps, rapporte que le gouvernement Hamadi Jebali  (Ennadha) vient de céder « en catimini, le gisement de Sra-Ouertane et la raffinerie de la Skhira, aux Qataris ». Une approche partagée avec bon nombre de média tunisiens. EL Kasba News n’hésite pas enfoncer le clou sous une forme habilement interrogative. « Le gouvernement Nahdhaouis  a-t-il cédé ces deux importants projets à ses alliés Qataris sans passer par l’ANC (NDLR assemblée nationale constituante) ?  A t-il transgressé la loi et toutes les règles de transparence et de bonne gouvernance ? », s’interroge le site.

Cette transaction a été précédée, lors de la récente visite, de deux jours, du prince héritier Tamim Ben Hamad Al Thani à Tunis, par la signature de 7 conventions bilatérales sur la rénovation et la restauration des sites archéologiques et historiques, le développement, l’investissement, la coopération, le phosphate, le pétrole et l’eau.

En souvenir de la traversée du désert

À bien lire la presse tunisienne, ces accords ne sont rien d’autre que des protocoles de renvoi d’ascenseur de la part du mouvement fondamentaliste Ennahdha pour service rendu lors de la longue la traversée du désert. Cette thèse se trouve confortée par le fait qu’en dépit de son statut provisoire, le gouvernement Jebali a agi en régime dépositaire d’un pouvoir de droit divin. L’assemblée constituante n’a été informée, ni de ces conventions, ni de ce qui semble être deux de leurs traductions les plus importantes : la cession du gisement de Sra-Ouertane et de la raffinerie Skhira, deux sites d’activité qui pèsent dans l’économie de ce pays.

La frustration des media est d’autant plus compréhensible que, non seulement cette transaction s’est faite à l’insu des représentants de peuple tunisien, mais elle n’a même pas fait l’objet d’une conférence de presse d’annonce.

Entre novembre 2011 et janvier 2012, le prix de la tonne de minerai de phosphate avait frôlé les 205 dollars (Index Mundi). Selon la même source, en décembre 2011, la cotation de la tonne de phosphate d’ammoniaque (DAP) était de 600$, en hausse de 100% par rapport à 2006 et le marché va rester tendu, au moins  jusqu’en 2015. Or pendant longtemps sous évalué –pour des raisons occultes-, le gisement à ciel ouvert de Sra-Ouertane, dans le gouvernorat du Kef, renferme, selon les estimations les plus réalistes 10 milliards de tonnes de minerai de phosphate. À titre indicatif, la production mondiale tourne autour de 150 millions de tonnes par an.

Un faux pas qui laissera des traces

Pour la Tunisie, la mise en exploitation intensive du gisement pourrait se traduire par la création de 2 000 emplois, mais cette retombée était déjà prévue dans le cahier des charges de l’ancien régime –Appel d’offres international 2008-2009-. En outre, dans sa conception de l’époque le projet contenait une clause selon laquelle la Tunisie sera majoritaire dans la société minière qui devait être créée à cet effet et conditionnait la concession d’exploitation à la réalisation d’infrastructures durables d’accompagnement pour un montant de 3 milliards de dollars.

Le nouveau marché de dupes, conclu à la sauvette, peut coûter très cher à M. Jebali et à son équipe dans une société chauffée à blanc et où les tensions demeurent encore palpables.

Sous le titre, « Sra-Ouertane, ou comment des ministres risquent de retourner en prison », un internaute, curieusement bien informé, vient de poster une tribune sur le site Saudiwave dans laquelle il conclut : « Le comportement du gouvernement de la troïka laisse planer beaucoup de doutes, des doutes même si les ministres actuels risquent de penser qu’il devront perdurer au sommet de l’État (…), certains d’entre eux risqueraient (…) de retourner en prison, mais pour des crimes de fraude, cette fois ! ». La messe n’est pas encore dite, mais ce faux pas va laisser des traces.

La Rédaction

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