C’est terrible ! on croit revivre les années 1990 en Algérie, où pour un artiste comme Aït Menguellet, c’était presque un défi de se produire à Alger.
Une exposition « Printemps des Arts » organisée, dernièrement par un groupe d’artistes au Palais Abdellia à la Marsa a, selon la Parti républicain servi de prétexte à une série d’actes de violence et de menaces d’assassinat de Salafistes visant des personnalités comme Isaam Chebbi (PDP), Ahmed Néjib Chebbi (PDP), Chokri Bellaïd (MPD) et un certain nombre de journalistes. Les extrémistes sont déjà passés à l’acte. Dernièrement, des locaux de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) ont été saccagés à Jendouba. Certains sites de partis politiques ont fait les frais des mêmes agissements. Maya Jéribi, secrétaire générale du PDP, concède que le ministre tunisien de l’Intérieur a livré d’importantes données à l’Assemblée constituante, sans pour autant arrêter d’actions précises et vérifiables destinées à donner un coup d’arrêt à la violence.
En revanche, ce sont les artistes et les organisateurs de l’exposition qui en ont fait les frais. Mardi dernier, Mehdi Mabrouk, ministre tunisien de la Culture a annoncé la fermeture du palais Abdellia et de dépôt d’une plainte contre les organisateurs au motif que leur initiative « porte atteinte au valeurs sacrées ». Lui emboitant le pas, Noureddine Khademi, ministre des affaires religieuses est intervenu sur les ondes pour qualifier l’exposition de « provocante » en saluant les jeunes qui veulent défendre la religion. Une véritable incitation à la violence !
Le sacré opposé à la création
Se situant aux antipodes des deux ministres du gouvernement Jebali (Ennahda), le Parti républicain dont des responsables avaient visité l’exposition, juge qu’il « n’y trouve aucune atteinte au sacré » ;
De leur côté, plusieurs artistes tunisiens ont décidé de se réunir, ce mercredi, devant le ministère de la Culture pour dénoncer, des « atteintes à la liberté de création ». Raja Benammar, directrice de l’espace Mad’Art à Carthage, à l’origine de ce rassemblement, est convaincue que l’exposition n’était en fait qu’un prétexte. « Je trouve cela bizarre que ces violences surviennent deux jours après l’appel d’Ayman Al Zawahiri à l’application de la Charia en Tunisie », s’étonne-t-elle. Ces violences qui ont fait un mort et une centaine de blessés, ont également fait de l’ombre aux nombreux mouvements sociaux du moment.
On apprend par ailleurs que des prises de vue de l’exposition qui ont circulé sur les réseaux sociaux n’avaient rien à voir avec son contenu réel.
Ce climat d’obscurantisme, de violence et d’atteinte aux libertés individuelles et publiques, n’est sans doute pas l’avenir dont avaient rêvés les jeunes tunisiens. Vraisemblablement, le Jasmin n’a pas le même parfum pour tout le monde.
La rédaction
En bref
Les mouvements islamistes tunisiens annulent la manifestation qu’ils avaient prévu d’organiser, ce vendredi, pour défendre « les valeurs sacrées ». Ils l’ont remplacée par un rassemblement à la Kasbah. Mais, vu les incitations à la violence propagées, ces derniers jours, par les partis Islamistes, des débordement ne sont pas à exclure.


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